Le procès d'une vie
- Fanny Inesta
- 21 juin
- 2 min de lecture
FESTIVAL OFF 2025
Théâtre des Gémeaux
Rue du vieux Sextier Avignon à 16h30
Relâche les 9,16,23
Crédit photos: Simon Gosselin
Dans ce spectacle, le théâtre devient la chambre d’écho d’un moment clé de notre Histoire récente : le procès de Bobigny, cette brèche courageuse ouverte par des femmes ordinaires, guidées par une avocate hors du commun, Gisèle Halimi.
Le spectacle ne commence pas derrière un rideau, mais au cœur du public, sans frontière ni préambule. Ce n’est pas un début au sens classique, c’est une immersion. On entend les voix d’une époque, celles de femmes multiples , parfois discrètes, souvent oubliées. Femmes au foyer, ouvrières, étudiantes, intellectuelles : elles ne sont pas forcément militantes, mais elles sont là. Simplement là, réunies par une même urgence , celle de disposer de leur corps.
Nous sommes en 1971 et c'est l’histoire de Marie-Claire, 16 ans, violée car oui même si elle doute, elle avait dit NON! Elle se retrouve enceinte et elle est résolue à ne pas devenir mère.Mais autour de ce refus, simple, radical, courageux se cristallisent les tabous d’une époque et les chaînes d’un système implacable. C’est là que se posent les fondations du spectacle : la sororité .
En reconstituant avec précision cet événement, la mise en scène de Barbara Lamballais et Karina Testa assume un geste frontal : faire du plateau un espace de lutte, de mémoire et d’émotion collective.
La scénographie ne cherche pas à reconstituer mais à convoquer. La circulation est permanente, fluide, effervescente entre les espaces, les époques, les identités. La parole passe de bouche en bouche, de rôle en rôle, comme un souffle commun. Les comédiennes, toutes remarquables, se fondent les unes dans les autres, se relayent, se métamorphosent, incarnant à la fois des personnages et des symboles.
La figure du juge jouée par Julien Urrutia presque chorégraphiée, incarne la froideur du dogme légal. En face, des femmes debout, même lorsqu’elles chancellent. Le spectacle touche juste dans cette tension entre fragilité et détermination, entre mise à nu et densité des enjeux.
Tout peut basculer à tout moment ! Ce théâtre-là ne cherche pas la stabilité, mais le point de rupture. Et c’est dans ce déraillement maîtrisé, cette ébullition organisée, que s’exprime la force d’un collectif en mouvement.
Un théâtre de combat, au sens noble du terme.
Du très beau travail joué par des comédiennes et un comédien excellents
A voir!!!
Fanny Inesta
Texte : Barbara Lamballais et Karina Testa
Mise en scène : Barbara Lamballais
Avec Jeanne Arènes, Clotilde Daniault, Maud Forget, Déborah Grall, Karina Testa, Céline Toutain et Julien Urrutia.
Une critique qui donne envie! je note cette pièce dans mon programme!!!