L'envol du pingouin
- Fanny Inesta
- il y a 12 heures
- 2 min de lecture
FESTIVAL OFF AVIGNON 2025
Théâtre de l'Oriflamme
Rue du portail Mathéron
Présentations exceptionnelles: les 11,15,18,19,22,25 Juillet à 21h50

Au commencement, c’est une scène de danse. Enfin… de tentative de danse. Deux exclusions, deux humiliations cocasses et désarmantes. Jean-Jacques Vanier, antihéros magnifique, débarque dans un cours où l’on parle d’« énergie commune » et de « connexion au sol ». Lui, s’en moque. Gentiment, mais lucidement. Il ne ressent rien, ni l’élan du groupe, ni l’harmonie cosmique promise. Seulement le ridicule de son corps, la vacuité d’un vocabulaire prétentieux, et l'absurdité du moment.
Cette scène donne le ton : L’Envol du Pingouin est un spectacle qui commence dans le quotidien le plus banal, pour mieux basculer ,à pas de côté,dans un absurde grandiose.Jean-Jacques Vanier excelle dans cette manière de déraper subtilement, jusqu’à ce qu’on ne sache plus très bien si l’on rit d’un psychologue ou de notre propre vertige existentiel.
Il y a du Kafka dans ses déambulations mentales, du Ionesco dans ses dialogues imaginaires, mais aussi du Prévert dans ses tendresses fugaces. Les anecdotes, à première vue décousues, composent peu à peu une fresque intérieure d’une belle cohérence. Entre deux réflexions sur la peur du noir, un souvenir d’enfance en forme d’énigme ou une digression sur le Général de Gaulle surgissant dans une mare de mazout, Jean-Jacques Vanier tisse un monde à lui, doux-dingue, fragile et terriblement humain.
Et c’est là que le rire se fait plus profond. Derrière la drôlerie enlevée, affleure une émotion étrange, . Il y a quelque chose d’amer dans la bêtise rencontrée, dans l’échec répété des psys, dans les failles qu’on tente de colmater à coups de théories creuses. Le pingouin qu’il incarne ne vole pas, certes, mais il observe. Il décortique les absurdités de notre époque avec une acuité de funambule un peu triste, exilé dans un monde qui marche de travers.
Avec L’Envol du Pingouin, Jean-Jacques Vanier signe un solo à la fois burlesque et mélancolique, qui nous laisse aussi légers qu’un rire et aussi lourds qu’un doute existentiel.
Fanny Inesta
De et avec Jean-Jacques Vanier
Comments