Contes de Maupassant
- Fanny Inesta
- il y a 2 jours
- 2 min de lecture
FESTIVAL OFF 2025
Au Vieux balancier
2 Rue d'Amphoux
Du 4 au 26 juillet à 16h25 (relâche les 9,16,23)
Un spectacle à voir en famille, absolument. Car il y a fort à parier que les adolescents, souvent réticents à la "lecture imposée", découvriront ici avec un vrai plaisir la modernité et la force des textes de Maupassant. Servis avec intelligence et sens du rythme, ses contes retrouvent une vitalité contagieuse.
Il est de ces seuls-en-scène qui ne cherchent ni l’épate ni la modernité forcée, mais qui, par leur précision, leur sens du rythme et une sincère affection pour le texte, finissent par emporter l’adhésion sans un bruit. Contes de Maupassant, interprété par Clément Krieg fait partie de ceux-là.
Tout commence dans la clarté malicieuse de La Légende du Mont Saint-Michel, où l’ironie du conte se déploie avec aisance . Clément Krieg donne à la langue de Maupassant tout son éclat, en cultivant l’humour sans jamais forcer le trait. Un geste, un regard, une inflexion, tout est juste. Il suffit d’un coup de peigne un peu vif, d’un revers de veste ou d’un col relevé, et le personnage surgit. À vue, sans artifice, presque mine de rien.
Peu à peu, le ton se durcit. Avec La Mère aux monstres, l’humour cède la place à un malaise grandissant. Clément Krieg en toute sobriété, laisse monter la cruauté en sourdine, sans effet, ce qui n’en est que plus dérangeant. Vient alors Le Horla, où l’on bascule dans l’angoisse. Le fantastique s’insinue par petites touches, dans la voix, le regard, la tension des silences. Clément Krieg, habité sans être démonstratif, donne corps à cette peur diffuse, presque clinique.
Et puis, avec La Nuit, le récit bascule dans un vertige noir, quasi métaphysique. Le silence s’épaissit, la lumière se réduit, et Clément Krieg semble s’effacer dans l’ombre même du texte.
Ce qui frappe, au-delà de la maîtrise du jeu, c’est le respect scrupuleux du mot juste. Pas une ligne modifiée, mais une interprétation vivante, habitée et personnelle. On sent chez lui l’amour profond des textes, sa générosité de jeu, et une intelligence dans la manière d’en révéler la densité sans jamais les alourdir.
La mise en scène de Laurent Priou intelligemment agencée, accompagne les textes sans les encombrer. Il y a un vrai travail de précision sur les lumières, les ruptures de rythme, les respirations. Rien n’est appuyé, et c’est ce dépouillement , pensé mais pas démonstratif, qui donne au spectacle sa respiration particulière.
Le public ne s’y est pas trompé , les ados présents dans la salle , les adultes l’ont longuement applaudi, touchés par ce moment de théâtre pur, modeste en apparence mais d’une richesse indéniable. Un comédien à suivre, assurément.
Fanny Inesta
Mise en scène: Laurent Priou
avec: Clément Krieg
Création son : Davy et Yoan Bernagoult
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