Amours Amères
Théâtre des deux mondes
Vaison la Romaine
Le 1er mars 2025 à 20h30

La jolie salle du théâtre des deux mondes était comble ce 1er mars pour accueillir Amours Amères, un titre qui ne laisse pas indifférent! Un titre évocateur d’ une dualité entre amour et amertume qui souligne la souffrance ou la désillusion qui peuvent accompagner les relations. Des images fortes pour suggérer un récit où l’amour est inséparable de la douleur, où la douceur côtoie la souffrance, et où la mer et la mère se mêlent aux émotions humaines. Entre ange et démon, les textes et les chansons oscillent entre provocation et tendresse, entre nostalgie et rudesse. Certaines paroles caressent l’âme avec une délicatesse infinie, tandis que d’ autres frappent par des mots parfois difficiles à entendre...
Sur scène deux grands panneaux de soie peinte évoquent une nature vibrante et nous apercevons une silhouette qui se profile en clair obscur. Puis, Guillaume Giraud apparaît, drapé dans un sari où sa longue et magnifique chevelure capte la lumière, renforçant cette impression d’irréel.
Le spectacle se déploie sous l’œil bienveillant de la lune, témoin silencieux de son errance. Accompagné par sa conscience, Guillaume Giraud part à la recherche de l’être aimé, un fil narratif tissé de vers puissants empruntés à Baudelaire, Paul Éluard, Alfred de Vigny, Yanowski, mais aussi et surtout de ses propres écrits.
Dans un entrelacs subtil de poésie et de musique, Amours Amères nous emporte dans un voyage intérieur où rêve et réalité se confondent. Ce spectacle, porté par la virtuosité et la sensibilité de Guillaume Giraud, se déploie comme un songe éveillé, un périple initiatique suspendu entre lumière et ténèbres.
Là où certains spectacles musicaux se contentent d’accompagner le texte, Amours Amères le dépasse. Guillaume Giraud ne se contente pas d’interpréter : il incarne, il habite chaque note, chaque mot. Entre piano et clarinette, il tisse une atmosphère tantôt éthérée, tantôt ardente, Il y a dans sa musique une profondeur qui rappelle l’univers de Gérard Manset, cette manière d’évoquer l’invisible, où l’âme se perd et se retrouve.
Pianiste et clarinettiste talentueux ,Guillaume Giraud navigue entre ces deux instruments avec une belle aisance . Chaque note jouée au piano est une respiration, un écho à la profondeur des textes. Tantôt délicates, tantôt puissantes, ses mélodies se font tour à tour berceuses ou tourments, reflétant la dualité du récit. À la clarinette, il insuffle une dimension presque spirituelle, avec des envolées mélodiques qui semblent suspendre le temps. Sa voix, enfin, épouse le texte avec une belle justesse modulant les tessitures pour en exprimer toute la profondeur.
Le spectacle est une plongée dans un espace hors du temps, une errance poétique où le public devient témoin d’une quête universelle : celle de l’amour, de l’absolu, de soi-même. On en ressort troublé, enivré, suspendu encore quelque part entre l’ombre et la lumière, comme un funambule en plein rêve.
Comme toute première représentation, celle-ci n’était pas exempte de quelques imperfections. Guillaume Giraud a connu quelques brefs instants d’hésitation, de légers trous de mémoire qui auraient pu rompre l’enchantement. Pourtant, c’est là que s’est révélé son professionnalisme. Sans jamais perdre pied, il a su rebondir avec naturel et fluidité, transformant ces instants en une preuve supplémentaire de sa maîtrise scénique. Ce léger vacillement, loin de desservir le spectacle, lui a conféré une humanité touchante, rendant l’ensemble encore plus vivant et sincère.
Enfin, une dernière chanson, hommage vibrant à toutes les mères, vient clore cette odyssée musicale avec émotion . Ce final, d’une douceur infinie, laisse résonner longtemps en nous l’écho où l’amour et la mémoire se fondent dans une ultime mélodie.
Fanny Inesta
Chant, piano et clarinette: Guillaume Giraud
Compositions et arrangements: Guillaume Giraud
Choeurs: Agnès Ravaux
Voix Lune et Eloa: Dominique Bru
Papiers de soie: Florence Gosset
Création Lumière: Eva Poussel
Regard extérieur et bienveillant: Giancarlo Ciarapica
textes: Baudelaire, Paul Eluard, Guillaume Giraud, Alfred de Vigny, Yanowski
Un article bien documenté qui donne envie de voir ce spectacle!