Un Contrat
FESTIVAL AVIGNON OFF 2020
Théâtre « Le Verbe Fou »
Un duel envenimé au dénouement improbable.
Un homme tourmenté par ses crises d’angoisse, fait irruption dans le cabinet d’un psychanalyste réputé. On découvre un truand de belle envergure souffrant de profonds malaises, qui doute de lui et craint pour sa peau. Dans le « milieu » on n’aime pas ça…
La praticien, déconcerté par ce patient aux réminiscences douloureuses et surtout douteuses, cherche à évincer voire à refuser cette thérapie. Il craint pour lui, il n’a pas confiance en ce personnage à la morgue hautaine. Ce dernier va lui faire du chantage affectif suivi de menaces sur sa famille et l’obligera ainsi à céder.
La psychothérapie peut débuter.
Une promenade inquiétante entre violence et loi du silence pour l’un, crainte et secret professionnel pour l’autre vont les conduire dans un face-à-face implacable. La tension est omniprésente, croissante, leur relation est à fleur de peau. Peu à peu, les failles, les faiblesses de chacun, les tourments, les remords vont nous entraîner dans une spirale déroutante.
De confidences en confidences, chacun se révèle avec ses propres doutes, sa culpabilité mais aussi ses espoirs, ne laissant plus de place qu’à la fragilité et au désarroi.
Qui est le maître, qui est l’élève ? Qui soigne qui ?
Olivier Douau incarne ce rôle de truand avec brio, il est remarquable de véracité.
Son allure, sa gestuelle, ses mimiques personnifient bien ce malfrat de haut vol et en outre ses expressions angoissées lui confèrent par moments un statut de victime.
Patrick Seminor en psychothérapeute interprète avec justesse un personnage sans cesse sur ses défenses, mais qui a la subtilité de pousser son patient dans le fin fond de ses troubles.
On est à tout moment sur nos gardes, l’action est sur le fil du rasoir, qui tranchera qui ???
Qui baissera sa garde ?
Qui survivra ?
Une pièce de Tonino Benacquista, auteur de nombreux scénarios à succès dont le magnifique « Malavita » adapté par Luc Besson avec Robert De Niro et Michelle Pfeiffer.
Son écriture est précise, bien documentée, ce qui permet de nous plonger intensément dans l’action de la pièce.
La mise en scène de Marika Vibik est sobre, elle met en évidence de façon subtile les états d’âme de l’un et de l’autre. Une belle pièce à voir assurément.
Fanny Inesta
de Tonino Benacquista
par la compagnie du Nouveau Monde
avec Olivier Douau
et Patrick Seminor
direction d’acteurs Marika Vibik
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