« Leonard »
Théâtre des Carmes dans le cadre Fest’Hiver
Une psychanalyse en direct!
L’intérieur d’un bar vieillot qui sent la désolation. Il est situé dans une ville en pleine déconfiture, une ville minière dont les puits ferment. Derrière la porte, ce sont les bruits de démolition..la fin d’une époque glorieuse qui pousse les gens au dehors, la ruine avant les ruines.
Léonard, le héros, se réveille mal en point. Il a pris la succession de ses parents décédés et se retrouve à la tête de ce bar où des générations se sont succédées. Mais il n’a manifestement pas envie de rester dans cet univers délétère . Il voit bien que tout s’écroule et que son bar n’est plus qu’un mine à souvenir.
Alors il rêve, il rêve d’un personnage qu’il a inventé enfant et qui revient alors le hanter. Ce personnage c’est son double, celui qu’il aimerait être, celui qui a du culot, du bagout, de l’entrain , toutes les choses qu’il n’a visiblement pas, tout ce qu’il rêverait d’être.
Tout au long de la pièce, cette oscillation entre ces deux personnages, cette hésitation dans les choix, cette lente progression vers un autre individu. C’est sa psychanalyse à laquelle on assiste en direct. Il sait qui il est , il sait qui il aimerait être mais comment passer de l’un à l’autre quand on est ligoté par tous ces souvenirs qui nous asphyxient.
Il vit enfermé dans la mémoire du passé, tout dans le bistrot lui évoque quelque chose, tout prend vie, la pendule qui sonne les heures, comme le téléphone ou le distributeur d’ arachides qui parle. Mais c’est une vie passée, rien ne le rattache au présent. Il est seul face à cette situation. Il est dans un ailleurs qui sent la naphtaline.
Leonard est un faible, rongé par une vie qui le double, mais pourra t ‘il s’évader de son quotidien accablant? Pourra- t-‘il un jour trouver sa voie, sa vraie voie ?
Le décor est superbe rien ne manque, les deux séquences vidéo sont très bonnes; le jeu partagé entre deux personnages mais joué par un seul est très bien fait mis à part au bout d’un moment cela devient trop systématique, toute sortie de Léonard implique l’entrée d’Arnolde, on pourrait de temps en temps tromper le spectateur.
Le pianiste fait un peu pièce rapportée, il manque d’ampleur pour exister, il n’en faudrait pas beaucoup pour l’en sortir. La jeune femme à la clarinette est vraiment invisible, c’est dommage, elle pourrait apporter un souffle, une respiration..
Mais malgré tout la mise en scène est fort bien faite et Marc Pistolesi le co-auteur, metteur en scène et acteur réalise une belle performance.
Il joue sur les trois tableaux avec maestria.
Jean Michel Gautier
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