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Le clown comme un poème

Photo du rédacteur: Nadine EidNadine Eid

Théâtre des Halles

4 rue Noël Biret Avignon

19h le 4 mars 2025

entrée gratuite

photos: JM Gautier



Le grand mystère de l’homme, l’art en intra-veineuse, la beauté fulgurante des mots.

  NB


Salle comble, comme souvent, au Théâtre des halles pour cette « conférence » de et avec François Cervantes. La comédienne Catherine Germain, endosse un double rôle, le clown Arletti et celui de Catherine Germain. A l’écriture François Cervantes, parfaitement initié, nous entraîne dans les arcanes de l’écriture, la sienne. Elle traite du théâtre, de l’art, de cette singulière relation entre ce dernier et la vie, mais aussi et surtout d’elle. Catherine Germain et Francois Cervantes ont créé six spectacles mettant en scène le clown Arletti et l’écriture du corps.    


D’emblée, le public est convié à l’illusion réelle d’être auditeur d’un conférencier. La table, les deux chaises, les deux verres et la carafe d’eau servent un décor neutre de prise de parole. Pourtant, dès les premiers mots formulés le conteur, très posément, déplie ses mots-pensées, ses aphorismes et emmène son auditoire dans la musique de ses mots. Ça semble simple, très peu écrit mais c’est redoutablement charpenté, construit, rédigé pour être efficace, percutant mais subtil, si fluide…

On ne peut que suivre sans effort, ce que ce singulier conférencier assène avec une belle pudeur de formulation et d’expression ; il s’agit là du personnage de François Cervantes. Etrangement, il endosse lui aussi deux rôles, celui du conférencier et celui du dramaturge quand il donne la réplique à Catherine Germain.

Il y a une étroite correspondance entre le contenu et le formulé. Devant le public, semble se tisser ou plus justement s’écrire des pensées concernées par la présence des corps.

Mais quel est le sujet réel de cette « conférence »  ?

Le théâtre peut-il prétendre à l’art alors qu’il propose des corps réels sur scène ?

D’où le comédien puise-t-il son jeu ? Qu’est-ce qu’un personnage ? La concaténation des questions fleurit en de vraies questions qui nous entrainent vers une assertion que nous partagerons au terme de la conférence : le clown est un poète.

Avec une belle progression, le personnage de Francois Cervantes par petites touches, traite du sujet du jeu théâtral, de l’écriture du corps en scène. Si le corps vivant est donné à voir au spectateur, c’est qu’il est lui même écriture vivante, instantanée, qu’il trouve en lui comme déposée. Lorsqu’ Arletti interpelle Francois Cervantes, elle le fait du point de vue du personnage du clown au service du rôle écrit. Lorsqu’il lui répond, il le fait avec sa voix de pensée interne, de dramaturge en réflexion d’écriture.

Il y a un va et vient quasi constant entre les strates de l‘écriture des rôles et leurs interprétations.

L’écriture de François Cervantes est posée comme en équilibre entre la nécessité de dire et celle de taire pour laisser au corps ou au clown, l’illustration incarnée de l’écriture.

Après cette conférence, nous ne pourrons plus ignorer pourquoi nos parents nous enjoignaient  à cesser de «  faire le clown »… Ils craignaient notre puissance, celle de la gravité des enfants. Le sérieux qu’ils déploient dans le jeu parle de l’être en soi, du je en expansion. Les enfants, d’instinct, le savent eux qui jouent sérieusement à être dans leurs multiples possibilités et en pleine conscience.

Le jeu de Catherine Germain est sidérant elle s’approprie avec un talent stupéfiant, la poésie de l’écriture de l’auteur. Elle traduit l’idée ou la pensée via le personnage d’Arletti, ce personnage qui utilise son corps et sa voix.


Ce qui fait paradoxe ne peut plus l’être, le clown concilie la vérité et le factice, le faire et le dire.

Le mot est à la fête, habité par le corps, il est joie. La poésie est langue maternelle, universelle. Elle s’incarne comme le verbe.


Hier soir, un clown et son auteur, une comédienne et un comédien, ont fait comme s’ils écrivaient devant nous,  corps et mots. Les applaudissements fournis ont  salué un très beau moment d’exception. Qu’ils en soient vivement remerciés.


Nadine Eid



A écouter comme un poème avec l’inconscience du sérieux …


De François Cervantes

avec Catherine Germain et Francois  Cervantes

L’entreprise - Cie Francois Cervantes

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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