POISON
- Fanny Inesta
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 21 heures
Théâtre des Barriques
8 Rue Ledru Rollin Avignon
Festival Off Avignon 2025à 13h15
Relâche les mardis
Sortie de résidence: le 2 juin 2025 à 19h30

Pour une sortie de résidence hier soir, la presse a assisté à une preuve de maturité artistique . Rien à retoucher, rien à polir : tout est déjà là, d’une belle maîtrise. Pas une faille, pas une hésitation.
Sur le plateau, un miroir sans tain, objet discret mais central, tel une frontière entre le passé et le présent, entre le deuil et ce qui reste à vivre... Car c’est bien du deuil qu’il s’agit. Cinq ans depuis le dernier mot échangé, ils se retrouvent dans ce décor presque austère, propice aux cicatrices invisibles. Et pourtant, au début, il y a une forme de légèreté inattendue dans leurs retrouvailles. Un soulagement presque, celui de rompre le silence. Une joie discrète, pudique, d’être à nouveau deux, face à face. Ils sourient, s’étonnent, se cherchent. On croit, un instant, à une accalmie possible. Mais peu à peu, insidieusement, le texte de Lot Vekemans fait remonter ce que le silence avait étouffé, il cisèle l’après. Crescendo, le ton monte et les fissures se rouvrent. Le passé douloureux s’infiltre dans chaque mot, chaque geste. Ce qui n’a jamais été dit prend enfin voix, la tension grimpe, non sans rappeler, par contraste, l’intimité précieuse qu’ils partageaient avant. Un rire évoqué, une course sous la pluie, la mémoire de la femme lumineuse, fantasque, libre qu’elle était... Mais depuis… L’accident, la mort de leur enfant, le petit Jacob... Comment faire face à l’irréparable, au temps qui passe sans jamais effacer, à l’amour qui survit peut-être à tout, sauf à cette douleur.
Elle a besoin d’être entendue, comprise, Lui n’a rien oublié mais la vie continue... Pas de pathos, pas de sanglots surjoués, la douleur affleure sans jamais exploser, et ces souvenirs s’invitent, non comme une nostalgie, mais comme des fragments de lumière dans une pièce marquée par l’ombre.
La mise en scène d’Hugues Boucher épouse cette pudeur,où rien n’est souligné inutilement. Elle se fait discrète et délicate, laissant l’émotion surgir d’elle-même, portée par la sincérité du jeu, sans le secours d’artifices ni d’effets appuyés. La scénographie de Dominique Fataccioli suit ce même parti pris d’épure maîtrisée. Deux blocs blancs, froids, leur servent de sièges : surfaces dures, sans confort, à l’image de ce qui les attend. Rien pour se cacher, rien pour s’oublier. L’espace est nu, frontal, presque clinique. La lumière, pensée par Héléna Payan , devient une matière sensible, presque organique, elle module le temps, sans jamais imposer son effet. »
Les comédiens, Sophie Legrand et Philippe Maymat eux aussi, se tiennent dans cette tension. Justes, nuancés, ils incarnent cette oscillation entre la tendresse du souvenir et la violence de ce qui a été perdu. Leur jeu, semble toujours au bord de la rupture, sans jamais céder au tragique.
On sort de Poison non pas bouleversé, mais troublé. Poison ne propose ni résolution ni apaisement facile. Il n’est question que de la vie telle qu’elle est, cabossée, inachevée, parfois injuste. Mais grâce à ce duo d’acteurs habités et à cette mise en scène d’une élégance ascétique, la pièce devient plus qu’un huis clos : une lente, douloureuse et nécessaire traversée de l’ombre.
Les amateurs de théâtre sensible, pudique et humain trouveront là un spectacle à ne pas manquer cet été : Poison sera présenté au Festival d’Avignon.
Fanny Inesta
De Lot Vekemans
Avec : Sophie Legrand et Philippe Maymat
Mise en scène : Hugues Boucher
Lumières : Héléna Payan
Scénographie : Dominique Fataccioli
Attachée de presse : Marie-Paule Anfosso
Deux acteurs incroyables !! Du THÉÂTRE intense! Sensible! J ai ris ! Et pleurer.. moi, j étais bouleversée et en même temps ressortie pleine de VIE !!! MERCI et bravo!!!!Je vais en parler!!!!
très grand moment de théâtre, à la fois intime, émouvant, et même drôle parfois ! foncez-y!
Magnifique !