top of page
Photo du rédacteurNadine Eid

Il coro di Babele

Il coro di Babele

l’Atelier 44

44 rue Thiers Avignon

du 3 au 21juillet  2024 à16h35 festival Off Avignon





Babel évoque, au delà du lieu cacophonique où la multitude des langues renvoient à l’incommunicabilité, un lieu éminemment métaphorique et universellement mythique. Les textes sacrés la nomment Ville et Tour, tous en font une élue. Babel est un croisement de sens, à la fois lieu impossible trop signifiant et pourtant berceau de mythes aux prolongements dantesques.

Le titre renvoie aussi aux origines de la tragédie et à son choeur antique. Le coryphée, ponctue, impose certaines paroles répétées en un point d’orgue, conserve l’essentiel. C’est peut être enfin, ce qui reste, subsiste en mots qui, en archétypes traversent l’universalité et les temps immémoriaux.


Il coro di Babele est la première des pièces d’une trilogie Generazione Y.

Mi Ricordo et L’Arte della Resistenza en sont les deux autres parties.

La première partie de cette trilogie tente de fournir des réponses à l’interrogation sur l’identité du lieu d’où nous sommes, celui d’où nous venons. Lorsque nous quittons les lieux de notre enfance, notre ville ou village la maison ou l’appartement où nos parents nous ont élevés, comment trouvons-nous un nouveau nid, un autre chez nous dans lequel, nous pourrons reconstruire notre être en devenir ? Quels sont les enjeux de nos choix et comment allons-nous les orienter vers et pour un bien-être à l’abri de nos peurs illégitimes souvent, fruits de nos constructions personnelles sclérosantes et invalidantes.

Cinq comédiens au travers de cette interrogation à la porte de l’âge adulte, passe- droit de la vie, nous entrainent dans le vertige des prolongations de leur quête.

Un constat premier, leurs peurs comme leurs traumatismes sont partagés et le  passé de chacun dans la communauté va les lier dans un futur mis en commun. La solidarité seule leur permet de résister à la paupérisation laissée en héritage par les générations précédentes.

Simultanément à ce constat l’interrogation de ce lieu à trouver, peut -être même à inventer, se trouve en prise à l’infinie richesse de l’individu. Les cinq personnages  évoluent ensemble, comme s’il y allait de leur vie. Leurs mouvements mêlés en font des pyramides, des conglomérats esthétiques souvent, parfois drôles mais toujours  ponctués par une unité forte, salvatrice. Le temps s’inscrit dans l’urgence. Les pas sont ceux de la course et la diligence souligne l’angoisse de la précipitation dans l’émergence d’une menace ressentie, jamais nommée. Non qualifiée elle n’en est que plus endurée. Les onomatopées, les voix démultipliées vers une unicité de panique, envahit l’espace pour en faire l’expression du cri. L’intensité est à son comble et le public sans cesse en état d’alerte haletante, peut être un peu trop parfois pour pouvoir pleinement, au delà du ressenti, comprendre la portée de tous les déplacements de groupe et leur signifiance.

Mais après tout qu’importe si le groupe emporte le public avec lui et le fait peiner de concert pour parvenir aux lieux de sa quête.

De plus, ces moments de folle exaltation, de surenchère d’hyper dynamisme électrique, sont présentés en alternats avec des soliloques, véritables moments de bravoure où chacun s’exerce à se dire pour finalement parvenir à se trouver. Tous sont  remarquablement interprétés par des comédiens accomplis dans leur capacités, certains sont bouleversants et celui de l’enfant battu, plus que poignant, est éblouissant. Il fallait ces moments paroxystiques en solo pour temporiser l’extrême dynamisme des cinq comédiens envahissant le plateau comme le ferait une foule.

Il faut au public quelques heures ensuite pour réaliser les multiples prolongements, identifier, reconnaître ou établir des ressemblances. La profusion de signifiants perd quelque peu le public en prise avec la confusion parfois même s’il demeure attentif et grisé par la rapidité et l’extrême dynamisme survolté du groupe. Quoi qu’il en soit, la mise en scène de Claudio Zappalà est irréprochable. C’est construit, intelligent redoutablement efficace y compris dans ce qui pourrait être discuté comme le fait d’être parfois un peu perdu, comme rendu confus par la profusion des scènes dans leur rapidité d’exécution.

Les comédiens dans les starting-blocks sont tous bluffants et désarmants de talents et les soliloques, particulièrement impressionnants. Ce collectif de théâtre indépendant au nom d’enfance sucrée, Barbe à Papa, est à suivre car ses réalisations comme ses projets en cours, dénotent d’un engagement réfléchi au service d’une conception de l’art théâtrale bien ancrée dans le temps et les espaces.


Cette pièce en VO sous-titrée nous a permis de retrouver avec bonheur la langue italienne, qui de nos veines latines coule jusqu’à la Méditerranée, centre du continent des consanguinités de coeur et d’adoption.


Il Coro di Babele, découverte surprenante du festival Off 2024


Nadine Eid



texte et mise scène Claudio Zappalà

avec Chiara Buzzone, Frederica D’Amore,Toto Galati, Roberta Giordano, Claudio Zappalà.

lumière Nathan Tagliavini

production Barbe à Papa Teatro. C.T.M centro Teatrale Meridionale

en jumelage avec la compagnie française de Saint-Etienne De L‘âme à la vague,




32 vues0 commentaire

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating

A Propos

12438950_439998056196250_4685327206366182128_n-1.jpg

Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

Articles

don.png

Restez informez de nouveaux articles

Merci de vous être abonné!

bottom of page