Le carnet rouge
- Fanny Inesta

- il y a 2 jours
- 2 min de lecture
Théâtre l'Atelier Florentin
Rue Guillaume Puy Avignon
Les 28 et 29 novembre 2025 à 20h

Le Carnet rouge, c’est d’abord la simplicité trompeuse d’une histoire d’amour. On pourrait croire l’histoire banale : une rencontre dans un bar, un homme marié, une femme qui s’abandonne peu à peu à l’évidence du coup de foudre, un amour qui bouleverse tout. Et pourtant… Elle et lui, Anna et Nicolas. Cela pourrait s’arrêter là mais comme souvent au théâtre, ce qui paraît limpide ne l’est jamais tout à fait. Dorothée Leveau, autrice et interprète, s’emploie justement à révéler les plis secrets de ce qui semblait n’être qu’un roman sentimental.
Dorothée Leveau installe son récit avec une douceur presque clandestine. La dramaturgie, minutieusement ciselée, avance en cercles concentriques. Par touches successives, leur jeu dessine les lignes de faille, les souvenirs enfouis, les blessures fondatrices. Anna et Nicolas se dévoilent par fragments, comme deux silhouettes qui apparaissent et disparaissent .
Dorothée Leveau, explore avec intensité la force de son personnage.. Et puis, il y a le langage des corps, ce territoire où les mots capitulent. Ces séquences chorégraphiées, portées par Rosario La Falce, permettent à Anna de dire autrement ce qui la traverse. Gestes suspendus, tensions furtives, abandon mesuré… autant de signes d’un tumulte intérieur que la parole peine à contenir.
Face à elle, Stéphane Baquet incarne un Nicolas tout en nuances, d’une humanité apparemment sincère. Son interprétation gagne en densité au fil de la pièce, comme s’il se surprenait lui-même à devenir un autre homme. Mais quel homme ? Ensemble, sous la direction précise et sensible de Laurent Montel, les deux comédiens composent une partition à deux voix, faite d’écoute, de retenue et de déflagrations.
Et l’on mesure toute la maîtrise de Stéphane Baquet en apprenant, après la représentation de ce soir, qu’une panne d’éclairage perturbait la technique depuis le début. Profitant de ses entrées et sorties prévues dans la mise en scène, il tentait en coulisses d’aider à résoudre le problème, sans que jamais la moindre ombre d’inquiétude ne traverse son jeu. Sur scène, tout demeurait d’une fluidité irréprochable : une vraie leçon de professionnalisme.
Au final, Le Carnet rouge bascule vers une vérité que l’on n’attend pas et qui éclaire d’un jour nouveau tout ce qui a précédé. On quitte la salle un peu sonné, conscient d’avoir assisté à un spectacle qui ose regarder en face des zones d’ombre rarement abordées avec autant de pudeur et de justesse. Du beau travail !
Fanny Inesta
De Dorothée Leveau
Mise en scène: Laurent Montel
Chorégraphies: Rosario La Falce
Direction musicale: Yann Galerne
Avec Stéphane Baquet et Dorothée Leveau









Magnifique autant dans l écrituresue dans le jeu des artistes et bravo pour cette magnifique critique qui ne dévoile que l essentiel! 👍