Un soir, un auteur, Nathalia Brignoli reçoit David Zaoui
- Fanny Inesta
- il y a 2 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Crédit photos: Guillaume Samama
Hier soir, Le 27 mai 2025, la Maison Bronzini à Villeneuve-lès-Avignon, accueillait l’écrivain David Zaoui, invité par l’association « Un soir, un auteur », présidée par la passionnée Nathalia Brignoli.
L’occasion d’échanger autour de son dernier roman, Bienvenue à mes obsèques, une comédie douce-amère au ton acerbe et subtil et surtout profondément humain.
L’histoire est celle d’un homme au bord du vide, naufragé de sa propre vie, dont le seul compagnon fidèle est son chien. Conscient de l’étendue de ses échecs, il décide, à l’aube de ses funérailles, de recoller les morceaux d’une existence abîmée. Animé par la peur poignante que personne ne vienne lui dire adieu, il entreprend alors de réparer ce qu’il a brisé, de se réconcilier avec ceux qu’il a blessés, et de retrouver cette chose précieuse qu’il a perdue en route : l’amitié.
Un livre drôle et mélancolique sur la réparation, le pardon, et les liens que l’on croyait rompus à jamais. Une histoire qui fait rire, mais souvent avec une boule dans la gorge.
Au-delà du récit, la rencontre a pris une tournure plus vaste, presque sociologique. Nathalia Brignoli, fidèle à sa réputation d'une passeuse de mots éclairée, a mené la conversation bien au-delà des pages. Leur échange a virevolté avec aisance entre la nostalgie des années 80 quand l’humour grinçait encore librement, la perte du second degré dans nos sociétés aseptisées, le poids du conformisme moral ambiant et le paradoxe d’un monde prompt à condamner ce qu’il ne comprend plus.
Le ton était libre, le propos parfois audacieux, mais toujours sincère. David Zaoui, dans son univers tendre et déjanté, a défendu une vision de la littérature comme espace de résistance : écrire, c’est encore et toujours affirmer sa liberté. Et la salle, attentive et complice, n’a pas boudé son plaisir. David Zaoui s’est prêté avec générosité au jeu des échanges informels, discutant longuement avec chacun, prenant le temps, avec chaleur et simplicité, de prolonger le dialogue amorcé. À l’issue de ces conversations, le public, conquis s’est procuré le livre . Des dédicaces qu’il a offert avec beaucoup de plaisir, le sourire sincère, stylo en main, attentif à chaque mot partagé.
Cette soirée fut aussi, en creux, le reflet des difficultés que traverse l’association organisatrice. Nathalia Brignoli n’a pas mâché ses mots : sans subventions, Un soir, un auteur survit grâce à une cagnotte en ligne. Et de souligner, non sans une pointe d’amertume, que les plus modestes sont souvent les plus généreux. « Il faut que les membres se réveillent », a-t-elle lancé avec cette verve indomptable qui est sa marque. Un appel vibrant pour que la culture, surtout lorsqu’elle est indépendante et vivante, continue à irriguer nos villes et nos cœurs.
Entre rires francs et réflexions graves, cette soirée a été un très joli moment . De ceux qui rappellent que les livres ne sont jamais que des prétextes à parler de nous, de nos failles, de nos espoirs. Et que la littérature, quand elle ose encore, peut être un magnifique remède contre l’uniformité du monde.
Il faut également saluer la présence discrète mais essentielle du photographe Guillaume Samama dont le regard bienveillant et le talent captent à chaque conférence la beauté de ces instants .
Infos pratiques :Vous pouvez soutenir l’association « Un soir, un auteur » via la cagnotte en ligne accessible sur leur site officiel. Chaque don compte, pour que perdure cette belle aventure littéraire.
Fanny Inesta
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