Les Silences
- Fanny Inesta

- 6 oct.
- 2 min de lecture
Théâtre de l'Optimist
Rue Guillaume Puy Avignon
le 4 octobre 2025 à 19h30
Le 5 octobre 2025 à 16h
Ce week-end, le théâtre de l’Optimist a une nouvelle fois tenu sa promesse : offrir au public des moments de théâtre de qualité. L’émotion était palpable, tant la pièce a su toucher juste, avec pudeur et finesse.
Léa vit à Paris, elle est avocate. Éléonore, sa mère, vit en Lozère, elle est meunière . Deux vies séparées par la distance, les années et un silence devenu presque un personnage à part entière. Un jour, Léa demande à sa mère de venir la voir en urgence. Pourquoi cette convocation soudaine ? Et surtout, que s’est-il tu entre elles depuis si longtemps ?
Dans ce huis clos, l’urgence change de visage : il ne s’agit plus seulement de se voir, mais de tenter de se dire ... enfin ... Les Silences livrent avec délicatesse ces zones du non-dit, là où les mots butent sur la peur, où les blessures refont surface avec lenteur.
Le duo d’actrices fonctionne par contraste. Virginie Kersaudy dans le rôle de Léa est tendue, précise, elle incarne cette fille qui voudrait comprendre, briser la digue. Martine Palem dans celui d'Eléonore, plus vulnérable, laisse parfois affleurer l’émotion, ses mimiques, ses regards tremblent. Loin de fragiliser son jeu, cela le rend sincère,vrai.
Peu à peu se révèlent les blessures enfouies, les manques, les regrets, les renoncements d’une vie entière.
Dans la salle, une partie du public essuie discrètement ses larmes. Certaines scènes réveillent des souvenirs, des douleurs familiales longtemps tues. Les piques que certaines mères lancent à leur fille résonnent fort, familières, universelles. Chacun semble reconnaître un fragment de sa propre histoire.
La mise en scène, de Michèle Lévèque et de Thierry Palem reste sobre, elle épouse cette tension intérieure : pas d’esbroufe, juste la vérité des mots mais aussi des silences et des regards.
Les Silences interroge la transmission du trauma, la honte, la parole impossible. Ce n’est pas juste un drame familial : c’est une dissection des liens du sang, des secrets qu’on se lègue malgré soi. Et si la pièce nous interroge après, c’est qu’elle nous renvoie à cette question : que se passe-t-il quand enfin, on ose parler ?
Fanny Inesta
Auteure: Louise Caron
Avec: Martine Palem et Virginie Kersaudy
Mise en scène: Michèle Lévèque, Thierry Palem













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