L'improbable histoire des passantes

Théâtre de l'Oriflamme Avignon

Rue du portail Matheron

du 3 au 21 Juillet 2024 (relâche 8et 15) à 19h05

Nous sommes en 1944. Un jeune homme fraîchement arrivé à Paris après s’être échappé du STO en Allemagne se balade aux Puces de Vanves et découvre un petit recueil tiré à simplement à 110 exemplaires, édité en 1918 à compte d’auteur par Antoine Pol. En ouvrant le livret de poèmes  "Emotions poétiques" pour le feuilleter, il tombe pile à la page ou se niche un trésor littéraire qui le bouleverse. Sans le sou, avec simplement quelques pièces en poche, ce jeune homme se priva de son sandwich pour l’acquérir . Il se nommait Georges Brassens ...

Le récit s’articule autour de ce poème. Hervé Masquelier, s’empare de cette histoire et nous la livre avec beaucoup d’émotion, de délicatesse et un brin de nostalgie. Grâce à son talent de conteur, nous retrouvons l’atmosphère de cette époque révolue en passant de Montmartre à Saint-Germain-des-Prés et de la fameuse rue Lepic, de la généreuse Jeanne et de l’Auvergnat ou Brassens trouva l’amour et le refuge, de ses débuts laborieux jusqu’à sa rencontre avec Patachou...

La mise en scène de Faizal Zeghoudi est sobre, à l’image de Brassens, elle est au service du texte. Le tout jongle habilement entre les souvenirs de la Grande Guerre, de la vie du poète Antoine Pol et accompagnée par Igor Bolender au piano électrique qui entoure le récit d'une ambiance mélancolique et rêveuse.

Cette pièce met aussi en lumière la beauté de l’inattendu, de la destinée, de la rencontre.Elle dépeint comment un chemin, une décision où l’improbable jaillit et peut changer le cours de l’histoire. La redécouverte du poème noyé dans l’oubli et mis en musique par Brassens en 1971 en est un parfait exemple.

Hervé Masquelier nous invite à visualiser toutes ces scènes avec clarté et émotion, son récit est vivant, ces histoires entrelacées sont un beau partage poétique, un bel hommage touchant à la poésie et à la musique . Voir la beauté là où d’autres n’auraient vu que l’ordinaire est une belle évasion et un voyage à travers le temps.

Il est encore temps de découvrir ce spectacle dans le bel écrin du théâtre de l’Oriflamme, où l’accueil est si chaleureux, un lieu où ce spectacle tout en sobriété, prend sa juste place.

Fanny Inesta

De Gérard Duchemin et Hervé Masquelier

Mise en scène : Faizal Zeghoudi

Lumière : Jacques Rouveyrollis

Musicien : Igor Bolender

Comédien : Hervé Masquelier

attachée de presse : Dominique Lhotte

Un deuxième avis sur cette pièce:

Si vous aimez la langue Française et Brassens je vous engage fortement à venir assister à la fabuleuse prestation de Hervé Masquelier.

Au delà du hasard se trouve l'improbabilité, des instants qui se croisent et à l'instar de l'effet papillon provoque des tourbillons. Un grand père aimant et sa rencontre avec un poète inconnu dans les tranchées, la page 17 d'un recueil de poésie et Montmartre rien ne laisse envisager un tel destin. Il nous emmène doucement vers 1972 où Brassens interprète pour la première fois à Bobino la chanson des passantes. Le récit de Gérald Duchemin et Hervé Masquelier est fabuleux et truffé de détails. Le texte porté par le même Hervé Masquelier nous hypnotise d'une voix soutenue et tellement expressive, nous buvons avec délectation ses paroles.

Pour sublimer encore un peu plus, un décor musical vraiment génial et fort à propos nous est instillé par Igor Bolender. Ce musicien et arrangeur nous distille une musique tantôt psychédélique tantôt classique à l'aide de son clavier.

Hervé Masquelier est dans le milieu théâtral depuis des lustres mais on le retrouve aussi au cinéma et autres organismes de la culture.

Dominique Mesle