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Juliette Drouet

Photo du rédacteur: James DesauvageJames Desauvage

AVIGNON OFF 2019

Cinéma théâtre Le Vox Avignon

Juliette Drouet
loupe

«Si mon nom vit, ton nom vivra », écrivit Victor Hugo à Juliette Drouet, qui fut sa maîtresse durant cinquante ans.

Le nom de Juliette Drouet est donc associé au nom de ce géant de la littérature française, auteur d’une œuvre prolifique, allant des Misérables à Notre-Dame de Paris, de La légende des siècles aux Contemplations, de Marie Tudor à Lucrèce Borgia. L’on sait sans doute moins que Juliette est l’auteur d’une œuvre épistolaire immense guidée par l’amour de Victor Hugo : 22000 lettres, d’une belle qualité littéraire !

Durant ce spectacle, sur la base d’une minutieuse et intelligente sélection de lettres, Kareen Claire enchaîne avec brio textes déclamés et parties chantées, aux côtés de l’excellent Cyril Duflot-Verez au piano, et du non moins excellent Jean Réveillon dont la voix Off permet de sentir la présence de Victor Hugo.

Juliette Drouet ? Une théâtreuse sans talent, qui considérait son métier comme ingrat, haïssait les critiques et, d’une grande beauté, multipliait les amants ; une grande amoureuse qui affirmait : « Je ne tombe pas amoureuse, je ne chancelle pas, je ne chavire pas : je m’élève en amour ! » C’était avant sa rencontre avec Victor Hugo, celui qu’elle nommera Mon monstre d’écriture, auquel elle succomba, tout en s’élevant ! Naquit entre eux un véritable délire d’amour, comme certains ont le délire de la fièvre, que les lettres de Juliette révèlent.

« Mon trésor, mon écrin, ma richesse », écrivit-elle, sous l’emprise de la passion, à celui qui devint rapidement son Maître, son idole, et dont elle fut l’esclave : esclave de ses amours, esclave de ses paroles, esclave de ses pensées, esclave de ses dilemmes ; une femme cloîtrée par son amant et emprisonnée par sa passion ! Elle passait ses jours à l’attendre ; ses nuits à pleurer ses infidélités. Elle lui écrivit des lettres passionnées, à la lumière de son âme, dans lesquelles elle pouvait également exprimer sa jalousie, tant à l’égard de la femme d’Hugo, Adèle Foucher, que des multiples conquêtes de son Maître. De rage, elle brûla même un jour toutes les lettres de Victor Hugo. Mais elle avait plus que tout besoin de son amour pour mieux se sentir vivre, si bien que leur relation ne prit fin qu’à sa mort en 1883, soit deux ans avant celle de l’auteur des Misérables. Leur passion, mythique, fut jusqu’au bout « une force qui va. »

Son amant lui vouait une adoration sans borne et lui écrivit des mots sublimes : « Il n’y a rien de plus enivrant que la chant qui sort de ta bouche, mis à part le baiser qu’on y cueille » ; « Aimer, c’est plus que vivre : c’est naître dans tes yeux ! ; ou « Je voudrais t’envelopper de toute mon âme pour que la douleur ne passe plus au travers » ; « Il y a du ciel en toi, à l’infini. » Ce qui ne l’empêcha pourtant pas de la tromper éhontément, étant pourvu d’un appétit sexuel démesuré; Juliette alla même jusqu’à considérer sa virilité de septuagénaire, à ce degré-là, comme une maladie !

« Mon œuvre n’est pas inférieure à la tienne. Si grand que tu sois, mon amour sera toujours au-dessus de ta tête », écrivit Juliette Drouet, consciente de sa valeur littéraire. N’exagérons rien, tout de même, mais elle est l’auteur d’une œuvre importante complètement dédiée à son génial amant, une œuvre qui n’est pas reléguée dans les oubliettes de l’histoire littéraire, complètement écrasée par le génie d’Hugo, et que cette pièce nous rappelle fort opportunément.

La pièce s’achève par ces derniers mots de Juliette à Victor : « Je suis heureuse et fière de signer mon certificat de vie par ce seul mot : je t’aime. » Preuve d’un amour absolu, irraisonné !

Juliette Drouet, c’est un très beau spectacle,

Interprété par la sensible et lumineuse, pétillante et douce Kareen Claire, qui nous enchante pendant plus d’une heure, en se faisant tantôt comédienne tantôt chanteuse,

Accompagnée au piano par l’inventif Cyril Duflot-Verez,

Un spectacle ingénieusement mis en scène par Bernard Schmitt,

Sur la base d’un texte signé Thierry Sforza et Kareen Claire.

Avec la voix off de Jean Réveillon

Et Jacques Rouveyrollys aux lumières.

Un spectacle à voir absolument, au CinéVox.


Fabrice Glockner


Auteurs : Kareen Claire Duflot, Thierry Sforza, Cyril Duflot Metteur en scène : Bernard Schmitt

Avec : Kareen Claire Duflot Avec la voix de : Jean Réveillon

Direction Musicale : Cyril Duflot-Verez Duflot

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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