Joie Sauvage
- Fanny Inesta

- 14 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 juil.
FESTIVAL AVIGNON OFF 2025
L Arrache Coeur
rue du 58ème Rég. d'infanterie
du 5 au 25 Juillet à 17h40 (relâche les mercredis)

« Je t’en prie, crois-moi, nous pouvons encore changer. Être à ta hauteur... alors attends-moi encore un peu, je t’en prie, j’arrive, à ma petite vitesse humaine, mais j’arrive. Je ne suis pas aussi fort que toi. Je n’ai ni ton flair, ni ta vue, ni tes antennes braquées sur l’univers et son esprit. Mais je veux essayer encore. Un jour, tu me reconnaîtras, quand j’arriverai enfin à ta hauteur et t’ouvrirai vraiment les bras. L’âme la première ; Animal, mon semblable, mon frère" (extrait d’un Texte de Nicolas Fraissinet)
On pourrait croire à un énième concert-concept : des images projetées, de la musique en live, un peu de militantisme en fond de scène. Mais non. "Joie Sauvage", le nouveau spectacle de NicolasFraissinet , échappe aux cases. Il ne prêche pas, il partage. Il ne s’impose pas, il invite. Et surtout, il touche.
Depuis l’enfance,Nicolas Fraissinet porte en lui un engagement profond pour la cause animale. Ce n’est pas une posture récente ni un argument de communication : c’est un fil rouge discret mais constant, qui traverse sa vie comme ses chansons. Sur scène, il choisit aujourd’hui d’en faire un axe central, sans jamais tomber dans la leçon. Il donne la parole à ceux qui ne l’ont pas , les bêtes, les arbres, les territoires silencieux , et rappelle, en creux, que l’humain est loin d’en être séparé.
Nicolas Fraissinet déroule un concert habité, traversé par une urgence calme mais palpable : celle de dire, de chanter, de rappeler que nous faisons partie du règne animal, que le sauvage n’est pas un ailleurs lointain, mais une part intime, souvent étouffée.
Le dispositif est simple et pourtant très pensé : un écran, vaste comme une toile de cinéma dialogue en temps réel avec la musique live. Clips animés, duos virtuels, courts métrages animaliers ou lyrics vidéos viennent accompagner les chansons, sans jamais les supplanter. L’image complète, mais ne surcharge pas. Le résultat est fluide, vivant, presque cinématographique.
À ses côtés, la violoncelliste et le bassiste ne sont pas en retrait. Bien au contraire : leurs jeux sont essentiels à l’équilibre du spectacle. Le violoncelle apporte une chaleur organique, parfois mélancolique, parfois viscérale. La basse ancre les morceaux, en souligne la pulsation, leur donne un souffle plus terrien. À eux trois, ils forment un trio complice et puissant, qui tient la scène sans fioriture.
Les chansons portent en elles la même tension : entre douceur et gravité, entre lucidité et tendresse. Nicolas Fraissinet n’essaie pas de convaincre, il raconte. Sa voix, posée mais pleine d’élan, traverse les morceaux comme une rivière, parfois calme, parfois en crue. Et ce qu’on entend derrière, c’est une forme de compassion , pas pour l’humain seul, mais pour le monde, pour tout ce qui respire.
Pas besoin de grands discours. Joie Sauvage fait partie de ces spectacles qu’on ressent plus qu’on ne commente. Il réveille sans faire peur, il donne envie de rester en silence un moment après. C’est beau, c’est fort, c’est sincère. Et surtout, cette beauté appelle et réveille. Un spectacle nécessaire, que l’on reçoit comme une offrande.
Les défenseurs de la nature et de la cause animale y trouveront un écho profond. Les autres, peut-être, entendront quelque chose s’ouvrir en eux. Un spectacle qui ne divise pas : il relie.
Fanny Inesta
De et avec au piano et au chant: Nicolas Fraissinet
Joëlle Mauris (violoncelle)
David Obeltz (basse, contrebasse électrique, guitare)









A voir absolument
Un merveilleux spectacle à tous les niveaux.
Gros coup de coeur !