Huellas/Empreintes
- Fanny Inesta

- 17 juil.
- 2 min de lecture
FESTIVAL AVIGNON OFF 2025
Le Train Bleu
Jardin de l'ancien Carmel rue de l'observance
du 6 au 24 Juillet jours pairs à 19h35
Photo: Jean-Claude Leblanc
Dans le calme minéral du jardin du Carmel, au cœur d’Avignon en ébullition, un étrange îlot attire le regard : un carré d’argile noire, brut, posé au sol comme une fouille paléolithique oubliée. Ce n’est pas un décor. C’est une mémoire. Celle, enfouie, de nos origines communes. Et c’est là que "Huellas, (empreintes, en espagnol ), commence à parler, sans mots, mais avec une langue universelle, celle du corps en mouvement, du souffle partagé, de la terre qui résonne.
Ils foulent la terre comme on remonte le temps. Deux silhouettes s’élancent, chutent, se relèvent, creusent la matière autant qu’elles l’habitent,confrontés à cette surface incertaine qui ne rebondit jamais de la même manière. Ils glissent, chutent, s’élèvent, retombent. Et dans leurs figures se devinent les gestes oubliés des chasseurs-cueilleurs, les danses tribales, les rituels de passage. Mais aussi une tendresse inattendue, presque enfantine, dans certaines portées, dans certains regards. Le jeu devient trace, le saut devient empreinte. Comme les milliers de pas laissés il y a 80 000 ans par Néandertal sur le site du Rozel, source d’inspiration du projet, là ou il est né. Là-bas, des archéologues ont mis au jour des milliers de traces laissées dans le sol par des hommes et des enfants néandertaliens. Le metteur en scène Olivier Meyrou et l’acrobate Matias Pilet sont partis à leur rencontre. Pas celle de fossiles, mais d’une humanité enfouie. Cette archéologie du sensible devient alors le socle d’un spectacle , où le corps devient outil de fouille et terrain d’expérience.
Les deux acrobates viennent des continents du sud ,Fernando González Bahamóndez, tout en puissance terrienne, et le Français Matias Pilet, plus aérien ,font résonner la matière de leurs élans, de leurs silences, de leurs souffles. Chaque chute est une percussion. Chaque rebond, une trace nouvelle.
Conçu comme un rituel archaïque ce spectacle mêle artistes venus du Canada, du Chili et de France dans une symphonie d’acrobatie au sol, de danse viscérale et de musique aux racines profondes. À commencer par ce kultrun, tambour mapuche dont les percussions sourdes traversent le temps pour se faire battement de cœur ancestral. , ici, tout est question d’épure, de précision et de dialogue avec la matière. Une matière vivante, mouvante...
Huellas se regarde comme un rêve physique, archaïque, qui nous parle sans discours. Le jeune public y capte la force du jeu, ils étaient nombreux ce soir et tous captivés, les adultes y perçoivent la profondeur du geste. Ce n’est pas un spectacle à voir, c’est une vibration à recevoir. Une empreinte à laisser en soi.
Un spectacle qui relie. À nous, spectateurs du présent, de suivre ces traces jusqu’au fond de nous-mêmes.
Et voir ce spectacle en extérieur, quand le soleil décline et que la lumière dorée sublime la scène, quelle merveille.
À voir, ressentir, et laisser infuser.
Fanny Inesta
Cie Hold-up &co
Mise en scène: Olivier Meyrou
Acrobatie: Matias Pilet, Fernando Gonzalez Bahamondez
Musqiue: Karen Wenvl
Scénographie: Bonnie Colin
Régie : Salvatore Stara
Diffusion: Ludovic Ritter

















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