Hamlet la fin d'une enfance
- Fanny Inesta

- 8 juil.
- 2 min de lecture
FESTIVAL OFF 2025
Théâtre le Cabestan
11 Rue du Collège de la croix
Du 5 au 26 Juillet à 18h05 (relache le 8 et 22)

Quand Hamlet devient Hamm : une traversée vertigineuse de l’adolescence
Il y a des Hamlet de convention, des Hamlet de réinvention, et puis il y a H#MLET, la fin d’une enfance, ce seul en scène radical et viscéral, où le texte de Shakespeare, intact, rencontre les affres d’un adolescent contemporain. Sous mise en scène de Christophe Luthringer, Victor Duez incarne un Hamm qui, dans sa chambre de 2025, entre Dark Vador et vidéos TikTok, convoque le théâtre pour dire le deuil, l’incompréhension, l’excès , bref, pour tenter de grandir.
Le pari était audacieux : faire entendre l’alexandrin élisabéthain depuis un bureau d’ado, entre figurines Star Wars et lumière bleutée d’écran. Il est ici remporté avec l intelligence scénographique époustouflante de David Teysseyre et un sens du rythme qui évite tout maniérisme. Le décor n’est pas prétexte, il est creuset. Hamm, 19 ans, orphelin à demi et trahi à demi aussi, s’y terre et s’y déploie, entre jeux d’enfance et vertiges de l’âge adulte.
Victor Duez incarne tous les rôles. Mais surtout, il fait entendre toutes les voix. Celle du père disparu, celle de la mère indifférente, celle du spectre intérieur qui ronge et qui pousse à hurler. Il y a dans son jeu une intensité quasi organique, un mélange d’élégance littéraire et de brutalité adolescente. Le texte de Shakespeare, jamais trahi, se frotte à des éclats de langage d’aujourd’hui, sans fracas, sans rupture, mais dans un tissage subtil où la mélancolie du prince danois devient celle d’un garçon de notre temps.
La mise en scène de Christophe Luthringer ose tout : les ruptures de ton, les projections, les jeux de lumière et les clins d’œil culture pop. Et pourtant, tout à sa place !. Tout semble répondre à cette question obsédante : comment dire sa douleur quand on n’a pas encore les mots ? La réponse est dans cette chambre, qui devient scène du crime, théâtre d’ombres et de lumière, et même… de rédemption.
On ressort secoué. Ému. Parfois bouleversé. Parce qu’on se revoit à 19 ans, cherchant une place, une parole, un souffle. Parce qu’on redécouvre Hamlet, soudain vibrant et nécessaire. Parce que, surtout, ce H#MLET nous tend un miroir, et l’on s’y voit.
À ne pas manquer, au Cabestan, chaque jour à 18h05. Il y a des spectacles qui marquent un festival. Celui-ci, sans aucun doute, en est un.
Fanny Inesta
Mise en scène: Christophe Luthringer
Avec: Victor Duez
Scénographie: David Teysseyre
Création lumière: J.C Garcia









Une pièce à voir absolument !