Hautes en couleurs

DURDICA et AGATHE IDALIE

L’EXPO à la Porte Rouge

10 rue Thiers Avignon

du 10 au 28 juin 2025 de 14h à 18h

Vernissage le 12 à 18h30

Toutes deux habituées à exposer leurs oeuvres, deux artistes partagent, pour Hautes en couleurs, la galerie de la Porte Rouge. Comme Agathe Idalie, Durdica peint mais, d’un commun accord, elle a choisi d’exposer des sculptures, des objets qui avec les toiles d’Agathe Idalie créent un univers effectivement haut en couleurs et vibrant de couleurs vives et chaleureuses. Etonnamment,  les peintures mystiques d’Agathe Idalie au voisinage des oeufs et des sculptures de Durdica  conservent leurs messages et leur puissance mais acquièrent une luminosité différente, un peu de légèreté, moins de gravité et comme un espoir dynamisé, souligné par des couleurs qui prennent la main sur d’autres. Le jaune irradie et les bleus comme des faire-valoir épousent les rouges intenses d’Agathe Idalie.  Au coeur des cercles, des courbes, des constructions ou des portes énigmatiques, les symboles nous questionnent en un silence ou la dévotion au passé, celui des origines donne des réponses à l’artiste qui nous les confie. La quête est partout, les interrogations multiples et la complexité de l’origine apparait magnifique et bouleversante dans ses portes Matriochka qui invitent à l’introspection, l’analyse. Les couleurs envoûtent créent l’illusion onirique et placent la peinture de l’artiste dans une expression très personnelle et très intériorisée. Les tableaux exposés sont comme des rêves épurés, des séances d’analyse, un entre-soi universel.

Les couleurs de Durdica entrent en résonances avec celles des tableaux d’Agathe Idalie. Les oeufs, le livre-boite, la guitare comme ses sculptures présentent des visages aux regards calmes, grands ouverts sur celui qui regarde. Les formes sont féminines, rondes et la maternité pare la femme autant que les bijoux et ses rondeurs. Le soin porté aux détails et à l’expressivité impacte par la justesse de l’expression d’un geste investi d’intention, d’un membre en mouvement. Derrière les cordes de la guitare, un visage penché sourit vaguement en écoutant la musique. A sa droite, dans la taille de la guitare, une hanche de femme évidée par la forme de l’objet attire l’oeil sur la cuisse de la danseuse. Le choix des couleurs, les costumes ou les corps nus vêtus d’ombres et de lumière font de cet objet, comme elle l’écrit au-dessous de son nom, une pièce unique. Durdica est identifiable mais elle sait néanmoins surprendre et étonner dans des univers très variés. La maison d’Alice aux pays des merveilles avec sa tête de poupée nous renvoie à Lewis Carroll et aux aventures extraordinaires. La poule  « aux enfants tous différents » rappelle les plaidoyers  pour le droit à la différence, la singularité et les bouches ouvertes de trois d’entre eux semblent le clamer.  Les petits cadres qui présentent des scénettes ou des tableaux, sont pour certains énigmatiques. Quant aux oeufs de Durdica, ils racontent sobrement beaucoup de choses à découvrir.

C’est un dialogue intéressant et réussi que cette juxtaposition d’oeuvres d’artistes hautes en couleurs.  Durdica et Agathe Idalie nous offrent en ce lieu bien vivant, une exposition de belle qualité.

Nadine Eid

Le regard de Jean-Michel Gautier

À la galerie La Porte Rouge, deux artistes, deux univers bien distincts, se rencontrent dans une exposition à la fois contrastée et harmonieuse.

Durdica nous emmène dans un monde de contes et de souvenirs, entre collages, objets et peintures. Elle revisite l’univers de Lewis Carroll avec une maison d’oiseaux devenue celle d’Alice, trop petite pour contenir ses rêves. Un peu plus loin, un livre sans pages, gardé par une poule et ses œufs mystérieux, chacun porteur d’une histoire silencieuse.Chez Durdica, chaque œuvre est une promenade intérieure, un fragment de mémoire venu de l’Est, coloré, mélodieux, nostalgique, où derrière chaque tableau une mélopée s’élance.

Agathe Idalie, quant à elle, nous ouvre les portes d’un monde tout en symboles et en intériorité.Cercles, courbes, constructions énigmatiques composent ses toiles, comme autant de questionnements. Des toiles d’un univers urbain. J’aime cette plongée haute en couleurs, dont les contours et les formes  sont un appel à la ville, la grande ville.

Avec ses couleurs, ses soleils, ses portes….c’est une ville qui s’étire, un univers sans piétons, sans voiture, et pourtant un univers qui nous attire, fenêtres éclairées, portes magistrales, ville prise dans un instantané sans un seul mouvement.

Reflets d’une ville sans population. La peinture d’Agathe Idalie est profondément personnelle, habitée par une quête de sens et un dialogue silencieux avec le passé. Les couleurs y créent une atmosphère onirique, presque hypnotique. Dans la simplicité de chaque tableau se dessine un rêve ouvert, un lieu intérieur que chacun peut habiter à sa manière..Une peinture de la mémoire, de la recherche, de l’émotion retenue.

Deux démarches artistiques très différentes, mais une même sincérité dans la création.

Les deux expositions rassemblées se complètent, fusionnent chacune nourrissant l’autre. Durdica c’est la profusion de personnages, l’univers d’histoires  alors que Agathe Idalie nous entraine dans la solitude, les aplats et les couleurs passées.

On aime ces deux artistes dont les toiles racontent.

Jean Michel Gautier