Du charbon dans les veines
- Fanny Inesta
- il y a 6 jours
- 2 min de lecture
Le Chien Qui Fume
75 Rue des Teinturiers Avignon
Festival Off 2025 du 5 au 26 Juillet à 10h (relâche les 9,16,23)

Jean-Philippe Daguerre, artisan d’un théâtre populaire et émouvant
Depuis le triomphe d’Adieu Monsieur Haffmann, salué tant par la critique que par le public, Jean-Philippe Daguerre enchaîne les créations marquantes. De La Famille Ortiz à Le Petit Coiffeur, en passant par Le Huitième Ciel ou Le Voyage de Molière, chacune de ses œuvres trouve naturellement sa place dans l’effervescence du Festival Off d’Avignon, devenu pour lui un véritable rendez-vous de cœur. Avec Du charbon dans les veines, le succès est d’ores et déjà au rendez-vous.
Nous sommes à Noeux-les-Mines, en 1958. Une fine poussière semble recouvrir les rues, les visages, les jours qui passent : celle du charbon, de la fatigue, d’un monde qui vacille. Mais en poussant la porte du café de Simone, quelque chose s’anime. Un éclat de voix, une mélodie d’accordéon, un regard bienveillant… et soudain, l’humanité reprend ses droits.
Avec Le Petit Monde de Sosthène, Daguerre signe une œuvre intime, pudique, profondément humaine. Il refuse les effets faciles et les émotions forcées. Ici, ce sont les gestes simples qui bouleversent : offrir un verre, brancher une télévision pour la Coupe du monde, intégrer une voix nouvelle dans un orchestre d’accordéons.
La mise en scène, délicatement teintée de nuances sépia, enveloppe l’espace d’une douce mélancolie. On pense à ces photos anciennes que l’on garde précieusement, parce qu’elles disent quelque chose de vrai. Les décors d’Antoine Milian, la lumière de Moïse Hill et les costumes de Virginie H composent un ensemble sobre, harmonieux et d’une grande justesse.
La distribution, elle, est tout simplement remarquable.
Avec un sujet qui aurait pu céder à la facilité , la mémoire ouvrière, l’immigration, l’amitié virile, la maladie , Daguerre parvient à tenir une ligne sensible et sincère. Il parle d’amitié sans mièvrerie, de racisme sans leçon, d’amour sans artifice. Et c’est cette retenue qui touche autant.
On sort du spectacle émus, comme si une lumière oubliée s’était rallumée au fond de notre mémoire.
Les cinq Molières reçus par Du charbon dans les veines sont amplement mérités. La pièce, affiche complet jusqu’à la fin du festival.
Fanny Inesta
Mise en scène: Jean-Philippe Daguerre
Avec: Juliette Behar Raphaëlle Cambray Jean-Philippe Daguerre, Théo Dusoulié, Julien Ratel, Aladin Reibel, Jean-Jacques Vanier
Scénographie: Antoine Millian
Costumes: Virginie H
Composition: Hervé Haine
Lumière: Moïse Hill
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