Differente
- Fanny Inesta
- il y a 6 jours
- 2 min de lecture
Théâtre 3 S- Le Quatre
4 Rue Buffon Avignon
Festival Off 2025 dy 4 ay 26 Juillet à 20h50 (relâche les 7,14,21)

On ne sait jamais très bien à quoi s’attendre, en entrant dans un spectacle de Carolina. Et c’est sans doute ce qui fait son charme. Dès les premières minutes, entre deux clins d’œil au public et un accent espagnol qu’elle manie comme une arme de séduction massive, on comprend qu’on ne sortira pas d’ici indemne ,ni tout à fait le même.
Sur scène, Carolina rayonne. Une présence généreuse, franche, parfois provocante, mais jamais gratuite. Sous sa perruques blond platine, sa frange écarlate et ses talons, on sent affleurer autre chose: une vulnérabilité pudique, une forme de douceur sous l’outrance. Elle ne joue pas un rôle, elle s’incarne. Et cela change tout.
Le spectacle, lui, se balade avec bonheur entre le cabaret déjanté et le tour de chant assumé. On y croise une version orientalisée de Voyage voyage, une Grenade de Clara Luciani revisitée avec panache, et ce moment improbable, et franchement irrésistible , où Señorita devient un sketch culinaire sur fond de tortillas et d’amour fou. Oui, c’est délirant. Et non, on ne boude pas notre plaisir.
Mais là où l’on s’attendait à rire, on se surprend aussi à être ému. Lorsqu’elle chante My Way, sans surjeu, les yeux légèrement baissés, c’est une autre facette qui se révèle. Plus sobre, plus grave. Comme une respiration dans le tumulte, une parenthèse offerte à ceux qui voudraient bien voir au-delà des apparences.
Carolina nous parle d’elle, bien sûr, mais aussi de nous, en creux. Elle cite son père : “Cada uno es un mundo” , chacun est un monde , et cette phrase, simple en apparence, devient presque un fil rouge. On sent qu’elle y croit. Qu’elle la vit.
"Différente" ne cherche pas à délivrer un message lourd ou moralisateur. Et pourtant, sans insister, sans pontifier, elle dit quelque chose d’essentiel sur la liberté d’être soi. C’est peut-être ça, la vraie réussite du spectacle : nous embarquer dans son univers avec humour et tendresse, tout en laissant la place à notre propre lecture.
Ceux qui avaient déjà été touchés par Miguel-Ange Sarmiento dans Mon petit grand frère retrouveront ici une sensibilité similaire, bien que sous un autre costume. Deux spectacles, deux visages, une même profondeur.C’est un grand écart artistique, et il est parfaitement maîtrisé.
Alors courez voir Carolina ou Miguel-Ange. Ou surtout les deux. L’un fait rire, l’autre émeut. Ensemble, ils signent un double portrait d’un artiste rare, habité, entier.
Fanny Inesta
Mise en scène : Rémi Cotta
de et avec : Carolina
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