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Celle que vous croyez

  • Photo du rédacteur: Fanny Inesta
    Fanny Inesta
  • 18 juin
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 juin



Théâtre Artéphile

7 Rue du Bourg Neuf Avignon

festival OFF 2025 du 5 au 26 Juillet à 13h20

Avant-première: le 17 juin 2025 à 19h




Avant d’arriver sur scène", Celle que vous croyez" avait déjà connu une première vie au cinéma en 2019, avec Juliette Binoche, François Civil et Nicole Garcia. Aujourd’hui, le texte de Camille Laurens trouve un nouveau souffle au théâtre.

Claire Millecam, 48 ans, professeure de littérature comparée, se retrouve sous l’emprise de Jo, son amant, insaisissable et inconstant. Plutôt que d’affronter, elle choisit de contourner. Dans une société où les femmes de plus de cinquante ans semblent devenir invisibles, elle décide de s’inventer. Jo ne "valide" que ce qu’il connaît sur les réseaux hormis son amante! Claire crée un faux profil. Elle devient Claire Antunès, 24 ans, belle, libre, irréelle. Elle envoie une demande à Chris, le meilleur ami de Jo. Il accepte, sans sourciller.

Ce qui ne devait être qu’un petit jeu tourne peu à peu à l’obsession. Les messages se multiplient, le ton glisse, un lien se tisse. Claire, à travers cette version jeune d’elle-même, retrouve des sensations oubliées et l’illusion prend le dessus. Elle s’accroche à cette double vie jusqu’à s’y perdre. Internée, elle tente de démêler les fils de cette chute : au psy, au public, à elle-même. Mais à qui parle-t-elle vraiment? Où finit le mensonge ? Où commence la détresse ? Est-ce une fuite ? Une faute ? Ou juste une immense soif d’amour ? On ne va pas tout vous révéler…


Sur scène, presque rien. Un canapé, quelques images projetées, et surtout, la parole. La mise en scène d’Albane Laquet est volontairement épurée : elle laisse les comédiens porter le texte. À certains moments, des stores translucides descendent, et les messages Facebook apparaissent, comme une suspension entre deux mondes, mêlant le réel et le virtuel.

La pièce interroge bien plus qu’un simple jeu d’usurpation numérique . Elle pose une vraie question : que devient une femme quand plus personne ne la regarde ? Le mensonge de Claire n’est pas une arnaque sentimentale. C’est un cri. Une tentative de revenir dans le champ du désir, de l’attention, de l’existence.

Karin Martin-Prével est bouleversante. Son interprétation est tout en nuances : elle peut être dure, fragile, drôle, désespérée, sans jamais forcer le trait. Elle fait ressentir chaque faille, chaque élan, chaque peur d’une femme qui tente de se reconstruire dans un monde qui l'efface.

Michaël Maino bien que son rôle soit éloigné des règles déontologiques, incarne avec intensité et brio ce contrepoint masculin souvent déstabilisé par ce qu’il entend, ce qu'il ressent...

Seul regret : une fin un peu trop douce, là où l’on aurait pu espérer une sortie plus abrupte, à la hauteur du vertige installé.


Ce n’est pas simplement un spectacle sur les faux profils ou les dérives des réseaux. C’est un texte sur l’emprise, sur l’envie de se réinventer pour ne pas s’effacer. Sur cette solitude qu’on habille de fiction, et ce besoin fou d’être vue, entendue, aimée.

Et si, cette pièce nous disait aussi autre chose ? Qu’il serait peut-être temps, pour certains hommes du moins, de revoir leurs filtres, leurs critères, leur idée de ce qu’est une femme "intéressante". Après 50 ans, elles ne disparaissent pas. Elles deviennent seulement invisibles aux yeux de ceux qui ne regardent plus vraiment.


Cette avant-première s’est tenue en présence de l’auteure Camille Laurens, qui a répondu avec finesse et acuité aux questions de la presse. Elle sera également présente à quelques représentations lors du Festival Off, pour accompagner le spectacle et échanger avec le public.




Fanny Inesta


d’après le roman de Camille Laurens

Adaptation et mise en scène : Albane Laquet

avec : Karin Martin-Prevel et Michaël Maino

art numérique : Yannick Moréteau

création lumière : Isabelle Picard

création vidéos : Catherine Demeure

Scénographie : Line de Carné

photographe : Gaëlle Doutre

attachée de presse : Catherine Guizard


Le regard de Peter Barnouw


Une scène nue, couleur blanche. Au milieu un Récamier, rouge sang. Le ton est donné .

Une femme apparaît et s’adresse à quelqu’un qui est en face d’elle. Le spectateur pourrait penser qu’elle s’adresse à lui, l’homme septuagénaire assis dans le public qui regarde, qui écoute.

Très vite nous comprenons qu’elle s’adresse à un soignant. Un médecin. Un psychiatre. Qu’elle est entre quatre murs d’une chambre d’une clinique. Ou d’un HP. Si on veut.

Sous forme d’un dialogue imaginaire avec le soignant, ou plutôt d’un monologue, cette femme déroule son histoire.

Une histoire de femme de presque 50 ans et ce passage où les femmes ne sont plus désirables. Ne sont plus désirées par la dominante masculine.

Elle est universitaire et divorcée. Son ex ? Parti pour une plus jeune, les enfants une semaine sur deux en garde partagée, elle se réfugie dans une relation toxique dont elle veut sortir.

Pour s’en sortir elle s’invente un avatar. Un avatar des réseaux sociaux sous la forme d’une jolie brune de 24 ans, à peu près la moitié de son âge. Elle entreprend de séduire l’ami de son amant qui l’avait rabroué au téléphone un soir, lui disant : Va mourir, avant de raccrocher.

À partir de ce moment-là, Claire, le quinqua et son double s’enferment dans une espèce de no-mans land destructeur. Un vortex dont elles ne s’en sortiront pas.

Elles deviennent recluses des réseaux sociaux. Elle, Claire, la femme réelle, devient recluse dans un milieu d’enfermement psychiatrique.

Le texte de Camille LAURENS, adapté pour la scène par Albane LAQUET, devient lumineux. Devient clairvoyant. Devient un plaidoyer pour le droit des femmes d’exister tout au long de leur vie. Un texte féministe sans lourdeurs. Un texte militant ouvert.

L’interprétation par Karin MARTIN-PREVEL et Michaël MAINO, vous interpelle et même, parfois, vous prend à la gorge.

La mise en scène d’Albane LAQUET est relativement simple, toute en nuances et parfaitement soutenue par les différents dispositifs vidéo et numériques.


Il me semble que ce spectacle est à découvrir parce qu’elle correspond à l’esprit original du Festival d’Avignon et notamment celui du Off, découvrir des créations originales, découvrir des textes qui apportent quelque chose aux spectateurs. Des questionnements, des interrogations, des découvertes et cette production correspond à cet esprit-là. À y courir.

1 則留言

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訪客
6月18日
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Magnifique texte qui me donne tellement envie d'aller voir cette pièce de théâtre tellement actuelle. Merci pour cette vision de ce qui veut être dit et écrit. J'aime cet article.

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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