Nouvelles
Le Figuier Pourpre Maison de la Poésie
6 rue Figuière 84000
Le 11 juillet à 10 h Festival off 2024
Les Matinales 2 au 3 Juillet 2024
Durant le festival Off, le Figuier Pourpre propose, outre sa programmation, Les Matinales. Chaque matin du 2 au 21 juillet de 10h à 11h. Ce lieu dédié à la poésie, à l’écriture et à l’art quelle qu’en soit l’expression, propose généreusement, en plus de sa programmation, ses lectures dans Les Matinales de 10h à 11h et ses concerts dans les Scènes de nuit à 23h30.
Le 11 juillet, Alain Igonet, Président et directeur artistique des lieux, a lu trois de ses nouvelles. Metteur en scène et photographe, Alain Igonet donne à voir dans son écriture et cherche à susciter des émotions en imposant un univers contemplatif dans lequel il nous convie sans faux- semblants.
Ce qui d’emblée vient nous chercher dans le creux de l’oreille c’est la passerelle indiquée par sa voix. Etrangement, elle nous invite, sans ambages, à l’emprunter.
Nul effort, le titre évocateur La tuile qui fume guide nos pas jusque dans sa maison.
Là, au rythme de sa rêverie, nous le suivons et ressentons. Au delà des évocations, les odeurs ailées échappées de la terre trempée, les sons frappés des rythmes de la pluie, la fluidité preste et furtive du chat, un monde sensible d’une infinie richesse, en nous depuis la nuit des temps émergent à sa lecture. Au creux de nous sa solitude nous happe, elle est sienne et nôtre, complice ontologique de nos vies partagées sur l’autel des joies, le Golgotha de nos souffrances.
C’est un moment de pluie, un instantané de vie que l’écriture déplie dans l’intimité du vécu. La tuile qui fume confie à l’interstice, dans la ténuité de l’instant, le souffle d’une respiration.
Epilogue, nouvelle placée au coeur de la lecture des deux autres, est centrale. Elle n’est pas la fin conclusive de la vie d’un père, le dénouement d’un trajet de vie. Elle est ce que, pudiquement, en creux des omissions, le fils confie de ce qu’il ne peut pas faire. Très simplement énoncé, il respecte sa propre absence dans une présence qu’il ne peut pas offrir auprès du mourant puis auprès de la veuve, sa mère. La distance est partout, et l’enfant oublié, molesté par la carence affective, point dans l’homme qui ne peut être fils auprès de parents qui n’ont pas su ou pu l’être.
Derrière les reproches actuels de la mère adressés au fils adulte, se profilent ceux proférés à l’enfant. L’homme en garde les stigmates et malgré la protection qu’il instaure avec la mise à distance, le rôle de fils aimant qu’il ne peut tenir, est encore pour lui, une spoliation douloureuse. Réagir à, adapter son comportement à, sont toujours des réductions de notre liberté et invalident nos possibilités d’être. Epilogue trahit tout ce qui en amont, a été massacré par les parents, l’amour dû à l’enfant, les carences de protection, les réassurances garantes de l’édification d’une personnalité affirmée, la déréalisation des peurs construites.
Les propos rapportés de la mère, reproches et invectives assassines sont autant de flèches décochées puisées dans le carquois des maltraitances que nous pouvons reconnaître et, partant, identifier comme des produits d’ego impropres à la parentalité.
Epilogue est remarquablement rédigée, le ton clinique de la description de l’agonie et des moments avant la mise en bière autopsie le corps absent d’un père qui ne l’a pas été et identifie l’inculpée.
Pour clore et aérer sa lecture, Alain Igonet a choisi un texte-hymne aux antipodes de celui qui précède. Pour preuve, il s’agit d’un très bel hommage à Fleurette, celle sans qui, il ne serait pas celui qu’il est devenu. Cette image féminine a permis à celui quelle a rencontré de grandir dans l’estime, la confiance et la joie que procurent l’amour et l’affection vive.
Les Matinales du Figuier Pourpre, à savourer avec croissant et café, tous les matins à 10h jusqu’au 21 juillet.
Nadine Eid
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