Faut qu'ça sorte!
Dernière mise à jour : 15 juil. 2024
Théâtre des lila’s
8 rue Londe Avignon
du 2 au 21 juillet 2024 à 10h Jours impairs relâche le 15 juillet
Essé Messan propose une Conférence Gesticulée. La dimension politique de sa prise de parole publique s’élabore à partir « des savoirs chauds », ses expériences et « ses savoirs froids », ses analyses. Par les entrelacs de ses savoirs et les irruptions du « troisième fil », le personnel, elle déroule une volonté de dire qui finit par s’inscrire dans le collectif, « l’atterrissage politique ». Ce qui certes la concerne, nous renvoie cependant à nos conditions de vie au sein de la société et de ses modes de fonctionnement.
La conférence gesticulée n’est pas du théâtre, elle est régie par ses propres codes et pour mieux définir, adopte une terminologie en relation avec ses objectifs. Il ne s’agit pas de rôle mais d’une personne non fictive qui s’empare de la parole en un temps et un lieu, ici, celui de la scène du Théâtre des Lila’s. Le contact avec le public est direct, non joué mais vécu. La personne revendique sa propre pensée et le soin apporté au déroulement de la conférence.
Faut qu’ça sorte par les inclusions du vécu d’un burn out, octroie à Essé Messan l’opportunité de regarder en arrière là où s’est conjugué le métissage de ses origines et les traumatismes en tous genres liés à son sexe.
La femme qui nous parle se dit en « gesticulant » sur le plateau. Les moments varient en intensité. Les faits énoncés calmement en voix plane peuvent être graves, elle demeure dans la douceur et le sourire étrusque ne la quitte pas ou guère. Les haricots cuisinés et goûtés sont autant de madeleines, les réminiscences affleurent et la douceur d’Essé n’ôte rien de la violence des faits dénoncés. Son histoire personnelle est celle des opprimés, sa voie celle des bâillonnés, sa souffrance multiple celle des peuples asservis. La chance des métissages se mêlent à la fatalité des origines, raciales, culturelles et sociétales. Les bougies et les fleurs sont autant d’offrandes aux aïeux et les coutumes comme les rituels ponctuent les moments poétiques de pure respiration. L’arbre de vie est déconstruit. Dépouillé des scories Essé le fleurit. La gesticulation est-elle cathartique ? Le public ressort-il asymptotique ou simplement en accalmie de la torpeur de l’après midi ?
Difficile d’énoncer ce qu’il en reste tant les alternats et les thèmes évoqués, multiplient les sujets et, les mêlant, les rendent peut-être volatiles ou plus difficilement cernables.
Quoi qu’il en soit nous conserverons de Faut qu’ça sorte ! la personne d’Essé Messan, la joie de ses pas et la conviction efficace de sa douceur.
Nadine Eid
écriture et interprétation Essé Messan
mise en scène Léonce Henri Nlend
production les voix éclairées.
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