Sweet Disaster Avignon Off 2021
AVIGNON OFF 2021
En pleine nature, à proximité d’une fête foraine ? ou d’un port dont on entend les sirènes des bateaux, enfin on ne sait pas trop… une cabine téléphonique, de celles qui n’existent plus en France, de celles qu’on a souvent transformé en mini bibliothèque. Mais celle-ci fonctionne, elle est toujours raccordée. Mais elle est curieuse car elle se déplace seule, elle fait comme une danse avec le personnage qui a apparu à ses côtés. Lui, il téléphone, pas longtemps juste quelques mots et il ressort de la cabine. Dehors des balises lumineuses se promènent elles aussi créant comme une procession tenant compagnie à cet homme qui semble en difficulté. Il est là comme en suspens, en sursis. Il est là dans une solitude extrême, mais une solitude qu’il a recherchée. Puis surgit son image, sorte de marionnette qu’il manipule, élément de sa désincarnation. Elle est ce qui subsiste de lui.
Lui, il a rompu avec la société, il veut disparaître, ne plus être. Ses hésitations au travers de ses coups de téléphone vont cesser, il va devoir aller au bout de ses décisions, disparaître définitivement.
Guillaume Lepage se déplace comme un expert en street-art, il donne toute son expression en langage corporel. On le comprend rapidement, il veut disparaître, s’envoler, se désagréger, quitter cet endroit… pas facile. Nous sommes habitués à être quelque part, à laisser des traces, mais disparaître est plus difficile.
Peu de mots, justes parfois s’échappent de la cabine, des phrases, des morceaux de phrases, mais rien de bien probant nous permettant de bâtir un personnage, on est dans des indices minimalistes, on court derrière les choses.
Le duo entre l’homme et la cabine dure un temps, le temps d’une installation, du passage d’un état à l’autre. Le temps pour le personnage de se préparer à partir. Partir ou plutôt disparaître.
Mais peu de mots, peu d’explications, il donne un sens aux choses en s ’exprimant avec son corps, il essaie de nous faire rentrer dans son univers déjà restreint, où il a du mal à vivre.
Belle démarche intellectuelle, création d’une œuvre originale à voir, c’est surprenant.
Jean-Michel Gautier
Écriture, Mise en Scène et Interprétation : Guillaume Le Pape
Régie Technique et Pilotes : Teddy Voyes,
Isabelle Legros,
Effets spéciaux: Yann Olliver,
Nanolink,
création marionnette: Claire Bochet,
Production et diffusion: Quartier Libre Production
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