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Pasolini...Qu'avez-vous fait de moi?

  • Photo du rédacteur: Nadine Eid
    Nadine Eid
  • 20 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 oct.


Théâtre des trois raisins

15 Rue Thiers Avignon

Samedi 18 Octobre 2025 à 17h,

dimanche 19 octobre 2025 à 15h




Celui qui ne sait pas d’où il vient, ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est .

Antonio Gramsci


Le théâtre des trois raisins a proposé, en cette fin de semaine italienne, une reprise de Pasolini… qu’avez-vous fait de moi ?

La question réthorique du titre lie judicieusement le comédien Olindo Cavadini à Pier Paolo Pasolini.

Le talent polymorphe de Pasolini a profondément marqué l’Italie de son vivant, mais l’influence  de ses oeuvres comme celle de sa personnalité complexe et iconoclaste perdurent. Connu essentiellement pour son oeuvre cinématographique, il est un modèle superbe du brio italien. Ecrivain, poète, essayiste, philosophe, dramaturge, journaliste, scénariste, réalisateur…la liste n’est pas exhaustive. Son érudition et sa virtuosité ont été au service d’un esprit libre et audacieux. Sa puissance créatrice demeure à ce jour, inégalée.


Avec une belle pudeur et une incomparable élégance, Olindo Cavadini confie son admiration d’artiste pour cet homme extraordinaire, aux multiples talents et à l’oeuvre colossale.

Les origines parlent entre eux comme des ancrages, jamais comme des barrages. La Calabre pour Olindo Cavadini n’est pas le sud qui s’oppose au Nord et le culte que Pasolini voue au frioulan n’empêche en aucun cas ses engagements politiques.

L’ailleurs de Pasolini devient sous nos yeux l’ici du comédien. Le lien est immédiat, seul ce qui réunit compte. Assis à son bureau jonché de livres, Olindo Cavadini s’empare derrière ses lunettes noires de l’homme tout autant que de l’artiste. La prouesse est osée car, tel un funambule, il flirte avec des va-et vient entre lui et son personnage. De fait, il tisse et écrit son propre rôle devant nous. Mise en abîme de la pièce à écrire, les liens pour ce faire apparaissent peu à peu et captivent l’attention.

La sobriété de la mise en scène révèle et interpelle. Belle trouvaille que celle de l’irruption ou plutôt  de la survenue puisque le régisseur Léonard Cavadini, dans le rôle du régisseur, est présent dès le début ! L’aide apportée pour avancer un siège ou ramasser les livres jetés au sol renforce l’impression de la contemporanéité de l’écriture. Sa présence actante conforte aussi la présence du comédien qui effectue, en plusieurs phases, l’appropriation du rôle. C’est un peu comme s’il voulait livrer le déroulé d’une recette dont nous connaissons seulement les ingrédients. C’est non seulement judicieux mais très efficace. Pas de bavardages, mais comme un souhait, un parti pris d’économie de moyens et même peut être de mots pour mieux servir l’incarnation des multiples facettes de l’homme pasolinien et l’évocation de sa liberté. Pour exemple, la passion de Pasolini pour le football est évoquée par le ballon symboliquement trituré dans ses mains ou posé parmi les livres.

Sur le bureau des oeuvres qui peuvent choir et joncher le sol puis être remises en place par Léonard Cavadini tout comme ce ballon de foot qui finit par prendre le sens d’objet transitionnel. La conception musicale apporte de la cohésion aux différents tableaux. L’imitation du discours  D’Alberto Moravia aux obsèques de Pasolini, fait figure d’exercice de style pour Le comédien.

Enfin, deux scènes sont particulièrement magnifiques et cinématographiques. Olindo Cavadini y excelle. Recroquevillé sur lui même Pasolini évoque avec des mots crus, qui lui ont valu des accusations d’obscénité, son attachement voire l’entrave d’une sexualité alors jugée déviante. Les lumières le définissent comme sous le phare de projecteurs accusateurs qui le traquent et le limitent, lui, qui n’en connait aucune ou les récusent. L’autre est une scène de film qu’Olindo Cavadini est en train de jouer et que Léonard Cavadini filme. Il y joue la scène finale de sa vie. Le corps roué de coups se découpe sur la toile et la chorégraphie stroboscopique est tout simplement à couper le souffle.


Nadine Eid


Chapeau bas !

Un rôle à la hauteur du comédien !


A voir et même revoir au Théâtre des trois raisins au festival Off 2026



Compagnie Le cercle des Lucioles

Texte et mise en scène Olindo Cavadini

Adaptation textes Olindo Cavadini

Conception musicale et régie Léonard Cavadini

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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