Liliana Butter Not Version cabaret
- Fanny Inesta

- il y a 7 heures
- 2 min de lecture
Théâtre des Halles Avignon
Le 4 décembre 2025 à 20h

Le public de Liliana Butter Not s’installe dans le Théâtre des Halles qui ce soir a pris des allures de cabaret. Autorisation de déguster un verre en grignotant autour de petits guéridons et lumière tamisée. Au fond un grand fauteuil, à gauche une loge, au milieu une estrade. Le sentiment d’entrer comme on entrerait dans une mémoire réinventée.
Derrière l’apparente convivialité du lieu, on sent que quelque chose se décale : les fados mélancoliques portés par la chanteuse Kalliroï Raouzeou dont la voix chaude et mélancolique , ouvre un territoire où l’exil pèse autant que le désir d’ailleurs.
Puis surgit Margo Chou, qui se maquille devant nous, malicieusement maladroite dans sa tentative de devenir le sosie de Ljiljana Buttler sa chanteuse bosniaque préférée . Une imitation volontairement imparfaite, presque sabotée, qui dit davantage la distance que l’admiration.
Marjorie Margo Chou Caillé impressionne par sa présence déstabilisée, toujours sur un fil :Elle se déplace de table en table, s'adresse à chacun, oui elle parle trop, corrige, dévie, trébuche , mais dans ces ratés assumés affleure la sincérité . Elle ne cherche pas tant à incarner qu’à comprendre, à mesurer ce qui en elle résonne avec ces vies déplacées,ces déracinements, ces femmes croisées dans des témoignages réels qui viennent, par bribes, interrompre son propre récit.
Le spectacle tient justement dans cette hésitation continue : où finit le cabaret, où commence la confession ? Où est Margo, où est Liliana ? Les masques se superposent, les récits migrent d’un visage à l’autre, et l’actrice cultive avec charme cette zone d’indécision qui fait la force du spectacle. On la voit se perdre, se réinventer, chercher un ancrage dans des histoires qui ne sont pas tout à fait les siennes. Et, paradoxalement, c’est dans cette quête vaine que quelque chose s’ouvre : une forme de vérité non pas théâtrale, mais humaine.
Que le récit parfois s’étire ou s’égare, qu’importe : il demeure une douceur obstinée, un trouble profond qui gagne le public d’un même élan… jusqu’aux larmes.
Margo Chou signe un cabaret traversé par l’exil et les métamorphoses, où les voix des autres servent de boussole fragile. Au bout du labyrinthe, elle retrouve la sienne, qui donne à ce voyage intérieur un écrin d’émotion .
Un spectacle, mouvant, attachant comme un autoportrait qui se découvre en se dérobant.
A l’issue du spectacle, la soirée s’est prolongée alors simplement, entre chants et danses pour garder un peu plus longtemps la chaleur de ce cabaret singulier.
Fanny Inesta
Texte, direction artistique et interprétation: Marjorie Margo Chou Caillé
Avec la chanteuse: Kalliroï Raouzeou
Guitare: Jérémie Schacre









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