Lettres d'excuses
Théâtre Le Lucernaire 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Du 18 septembre au 10 novembre 2024 à 20h du mardi au samedi, à 17h le dimanche
« Lettres d’excuses » : un moment de vérité théâtrale
Dès son entrée, Patrick Chesnais nous touche par sa simplicité et son aisance scénique. Sa décontraction et sa générosité donnent à ce rendez-vous épistolaire un ton sincère et spontané. Au cours de ces lettres d’excuses, les images multiples d’un homme avec ses différentes facettes, tour à tour sombres et gaies, apparaissent : celles d’un père, d’un ami, d’un fils, d’un grand-père, d’un comédien…
Nous traversons toute une vie, celle d’un homme franc et honnête qui choisit l’écriture puis la scène pour rendre publiquement ses excuses. Mais pourquoi s’excuser ? Quel est le but d’une telle démarche ? Et à qui s’excuser ? L’autre pourra-t-il pardonner ? L’écriture et la scène ne sont-elles pas des prétextes pour prolonger le dialogue avec l’autre ? Car si l’autre était encore là, écrirait-on des lettres d’excuses ?
Patrick Chesnais s’adresse à sa famille et à ses amis. Leur fournit-il ici de bonnes excuses, des excuses valables pour continuer à aimer et à être aimé ? Au cours de ses aveux, le spectateur lui trouvera-t-il des excuses atténuantes ?
La force de ces lettres réside dans le mélange des tonalités, à la fois comique et grave, et dans le choix des dédicataires. La lettre à son fils Ferdinand disparu trop tôt nous bouleverse. L’épître au petit matin évoque avec amertume et nostalgie le temps qui passe et qui abime. Certaines missives deviennent le lieu d’un souvenir ineffable qu’on ne veut pas effacer. Les lettres destinées aux acteurs et au théâtre sont des moments drôles et délicieux. Lettres théâtralisées ou portées sur le devant de la scène, elles se transforment en monologue ou en sketch intelligent, en poésie de la confidence ou en métatexte théâtral.
Tout s’enchaîne naturellement et simplement. Patrick Chesnais nous parle comme à un ami à qui on se confie. Pas de snobisme théâtral, pas de fioriture, pas d’encombrement avec les mots, avec la culpabilité. Tout est vrai. Chaque lettre devient un jeu de communication vers l’intime et l’incarnation artistique où l’amour domine et où le pardon est secondaire.
Joshua Laffont-Cohen
Texte et interprétation : Patrick Chesnais
Collaboration artistique : Emilie Chesnais
Production : Théâtre actuel
Coréalisation: Théâtre Lucernaire
1 Comment