Les Femmes et la Philosophie
8 mars 2024. Théâtre des Halles Avignon à 20h
Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le théâtre des Halles à Avignon a accueilli à nouveau, Frédéric Pagès. Dans le cadre des Philosophes en chair et en os et en ce jour du 8 mars marqué par la reconnaissance implicite de la spoliation des droits des femmes, Frédéric Pagès, journaliste au Canard Enchaîné, écrivain et agrégé de Philosophie, nous a offert un sujet digne d'intérêt: Les femmes et la philosophie.
Pour mémoire, il a précédemment présenté, en ce même lieu des spectacles- conférences sur Nietzsche, Rousseau, Spinoza.
A la question réthorique par laquelle il clôt, dans son flyer, la présentation du thème abordé, « ...et si la philosophie restait une affaire d’hommes ? », il répondit par l’historique de la présence des femmes voire celui de leur évincement, une relation datée rondement parcourue et fort bien détaillée.
Tel un répons, la guitare et la musique de Richard Rozenbaum (régisseur du théâtre des Halles) soulignèrent la diction interprétée des deux comédiennes et tous nous donnèrent à entendre que les femmes philosophes durent, pour faire reconnaitre leur droit élémentaire à penser, payer un lourd tribu puisque certaines, notamment lors de la révolution, y laissèrent leur vie.Camille Carraz et Anne-Laure Gofart furent invitées à lire, avec une ironie obligée, d’édifiantes bribes de textes de philosophes, en principe éclairés mais sombrement ridicules.Frédéric Pagès, avec un léger sourire d’homme désavouant la stupidité inouïe due aux pulsions ancestrales de la caste masculine, nous a présentée, pardon présenté (grammaire oblige !) une sente pour nous, un parcours pour eux dans lesquels pour tous, la confrontation de la niaiserie des uns n’avait d’égal que les stupéfiants talents ou l’indéniable intelligence des mêmes !Les Encyclopédistes furent aussi, dans certains de leurs écrits sexistes, de bien piètres écrivains et le siècle des Lumières, malgré ses Salons littéraires, fut, en dépit de l’espoir accolé à l’idée de progrès, un siècle où la misogynie siégeait encore en bonne place, près de l’obscurantisme de l’éducation et de ses manques.
Une mention particulière pour les articulations entre les moments de paroles, les lectures à valeur d’exemples probants et les interprétations musicales amenées judicieusement et esthétiquement par un beau travail de lumière et un son de réelle qualité.
Enfin, il n’est pas jusqu’à l’écriture musicale qui n’ait eu son mot et ses notes à dire en venant, à point nommé, souligner ou prolonger parfois les propos de Frédéric Pagès et les lectures de Camille Carraz et Anne-Laure Gofart en une remarquable et très intéressante performance de sens.
Nadine Eid
Texte/interprétation Frédéric Pagès
Musique/guitare Richard Rozenbaum
Comédiennes Camille Carraz et Anne-Laure Gofart
Production Les amis de Jean Baptiste Botul
je trouve que la plume de Nadine est un réel plaisir, je me réjouis de la voir publiée dans nos colonnes.