Fin de service
FESTIVAL AVIGNON OFF 2021
Dans un vieux manoir perdu au bord de la mer, sur une lande désertique, vivent une dame et son serviteur. Une dame qui veut avoir des airs mais n’en a guère, son serviteur essaie de pourvoir à son éducation. Ils parlent beaucoup entre eux, étant toujours seuls car les invités n’affluent pas. Leurs discussions sont des joutes verbales dans lesquelles les humiliations sont à profusion de la part de la dame qui souffre de cette solitude, causée par une rencontre avec un officier de la marine qui est toujours espéré mais qui n’apparaît jamais. Seul subsiste entre elle et lui un bouton de vareuse, modeste souvenir involontaire. Mais maintenant le temps passe et les désillusions s’accumulent, nous arrivons à la fin du service.
Le décor est bien en décrépitude, la liseuse éculée, aux accoudoirs percés, les lustres à la limite de l’apoplexie… ce n’est pas la fin de service mais bien la fin du lieu qui prend toute son ampleur lors des tempêtes.
Elle, la maîtresse du lieu, essaie de se donner une apparence sous la poudre de son maquillage, mais on n’efface pas des années de tapin comme ça. Elle est marquée et ne le supporte pas, elle croyait pouvoir s’acheter une apparence, elle n’en a même pas l’ombre.
Lui, le serviteur, l’homme à tout faire dans tous les sens du terme, est fidèle, accepte les sarcasmes et les critiques, il est là par amour mais non récompensé, exploité plutôt.
Il va décider de tout remettre en cause, l’amour ça s’étiole aussi, comme les fleurs, il faut l’arroser.
Dans cet environnement Hitchcockien, qui transpire la fin de règne et la fin des illusions on prend plaisir à les voir se déchirer d’autant plus que l’un et l’autre ont la répartie facile. Il subit, supporte mais jusqu’à quand et à quel point, la suite est à voir.
Une belle pièce bien menée, bien interprétée que l’on a plaisir à voir et entendre.
Sylvia Bruyant dans la mise en scène et le jeu est somptueuse.
Delry Guyon en valet au verbe facile est remarquable.
Ils forment un beau couple en décrépitude.
Quelle atmosphère aurait dit Arletty…
Jean Michel Gautier
D’ Yves Garnier Mise en scène de Sylvia Bruyant
Avec Sylvia Bruyant et Delry Guyon
Création Lumière et sonore : Marc Cixous Costumes : Sylvie Jeulin Scénographie : Nicolas Lemaître Coach vocal et arrangements : Stéphane Corbin
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