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Photo du rédacteurFanny Inesta

Estime-Toi Heureuse

Dernière mise à jour : 28 sept.

Roman d'Adeline Avril




Un livre à la fois nostalgique et résolument moderne, qui trouve une résonance particulière dans nos sociétés contemporaines toujours en quête d’équilibre entre tradition et émancipation.

Ce roman ne s'attarde pas sur de grandes batailles sociales ou des déclarations éclatantes, mais sur la douceur et la complexité d'un refus. Un refus de la norme, un refus des attentes familiales et sociales.Le livre d'Adeline Avril, cette auteure qui n’a pas connu les années 60, se distingue par une richesse documentaire indéniable, conjuguée à une sensibilité littéraire qui sublime son sujet. Elle dépeint avec précision ces années, cette époque charnière marquée par des mutations sociales profondes, mais encore corsetée dans des carcans patriarcaux rigides. Elle s’est inspirée de la vie de sa mère et nous livre l’histoire de la vie de Bernie, une jeune femme en quête de liberté. Elle en capture ses aspirations et ses contradictions . Bernie reste profondément attachée à ses racines rurales, tiraillée entre l’héritage d’un monde révolu et les promesses d’un avenir incertain. Bernie est issue d’une famille nombreuse et ne veut surtout ni se marier ni avoir d'enfants. Ces décisions, aujourd'hui plus compréhensibles et acceptées, étaient à l'époque des hérésies, des rêves fous qu’on comparait volontiers à la conquête de la Lune.Une incrédulité générale qui accompagnait les aspirations féminines à une vie indépendante et libérée de l’obligation d’être épouse et mère.

« Boire et fumer en cachette, » gestes apparemment anodins, deviennent pour ces jeunes femmes des actes d'émancipation, des échappées furtives qui les rapprochent d’une modernité symbolisée par la » Nouvelle Vague », dont elles se rêvent les égales. La description de la "trace de rouge à lèvres sur la cigarette" n’est pas anodine : elle cristallise ce moment fugace où elles se voient héroïnes de leur propre vie, même si ce n'est que pour quelques instants.

Adeline Avril nous décrit le portrait des "filles Pigier" et des possibilités limitées qui leur étaient offertes, avec pour horizon professionnel la dactylographie. Elle illustre la conjoncture d’une société où les ambitions féminines étaient soigneusement canalisées. La référence à la voiture la «  Dauphine », symbole d'une certaine modernité, est subtilement ironique, rappelant qu’au-delà des apparences de progrès, ces jeunes femmes restaient enfermées dans un monde où leur destin semblait déjà tracé.

Bernie aime lire, aime étudier et cela relève un conflit générationnel profond. Son père craint que la lecture ne la fasse dévier vers un comportement "bourgeois", et sa mère redoute qu’elle ne s’éloigne de ses devoirs domestiques. Ce double veto parental incarne les pressions subies par une jeunesse en quête d’autre chose. Bernie, sentant que la "logique de la vie" promise par ses parents la condamnerait à l’ennui, pressent que suivre ce chemin, c'est trahir ses aspirations les plus profondes.

L’évocation des émissions télévisées telles que Les Saintes Chéries ou Janique Aimée ancre encore davantage le récit dans son époque, tout en soulignant la distance entre les rêves d’émancipation que ces personnages pouvaient incarner à l'écran, et la réalité de femmes coincées dans des vies où les marges de manœuvre restaient minces. Même Mai 68, avec sa charge révolutionnaire, semble inaccessible à Bernie, observée à distance depuis la ferme familiale, comme un feuilleton que l’on suit sans en saisir les implications véritables.

Adeline Avril parvient ainsi, avec une plume délicate et perspicace, à rendre compte du mal-être de cette jeunesse tiraillée entre deux époques. Le rêve d'une autre vie est omniprésent, mais la réalité finit par rattraper Bernie, implacable. À travers ce portrait, l’auteure illustre non seulement une quête individuelle, mais dresse également le tableau d'une époque où les promesses de changement coexistaient avec des structures sociales encore rigides. Adeline Avril nous livre une œuvre à la fois intime et universelle, un roman , pourtant ancré dans un passé qui reste étonnamment contemporain. Les injonctions faites aux femmes de se conformer à un modèle précis — mariée, mère, épanouie — n’ont pas totalement disparu, même si les formes ont changé.


Si vous avez la chance de vivre dans le Vaucluse, Adeline Avril nous offre une lecture et un entretien avec Chantal Pelletier suivis d' une séance de dédicace.Cela se passera dans le bel écrin du Théâtre de la Tâche d'Encre à Avignon le 4 Octobre 2024 à 19h. L'entrée est gratuite, alors n'hésitez pas!


Fanny Inesta



Le regard de Jean-Michel Gautier sur Estime toi heureuse


Un roman qui se déroule dans la France de mai 68, l’époque de la révolution  et de  la  quête de la liberté sexuelle, l’époque  d’un moment historique où la jeunesse voulait prendre son avenir en main, voulait pouvoir décider. C’est l’époque où tout semblait possible . Mais quelle époque ! Ils pensaient que  tous les rêves pouvaient se réaliser, que l’avenir s’ouvrait devant eux.

Adeline Avril va décortiquer la vie de son héroïne pour aller de touches en touches nous raconter sa vie, ses aspirations, sa quête.

Bernie est une fille qui a du caractère qui sait ce qu’elle veut. Elle pose ses choix avec audace et détermination. Elle ne veut pas de mariage et pas d’enfants. Elle a des idées bien arrêtées sur la vie.

Elle nous présente son amie Castille et son chéri Jacques  le sculpteur sur pierre, qu’elle présente à ses parents ainsi « Jacques ,un sculpteur comme Rodin mais c’est juste Jacques »

Deux personnages Bernie et Jacques le centre du roman.

Il y a aussi Abbas celui qui aime les livres  et les vend, mais les fait découvrir en oubliant de les vendre , Maître Céccaldi son employeur toujours prêt à l’aider et enfin sa mère une figure italienne assez sèche.

Alors on suit Bernie, on participe a sa vie qui ne manque pas de piquant.On court derrière elle sans s’essouffler. On vit, on la suit, on la voit évoluer

C’est léger , bien documenté, on retrouve l’ambiance de cette période.  Mais pas les combats de rue de mai 68, c’est plutôt  les idées véhiculées, les comportements, les objets. Passe une Dauphine, petit véhicule aux formes arrondies qui faisait fureur chez les jeunes  avec son mini coffre à l’avant et son moteur à l’arrière, mais à la tenue de route non garantie. .                                                                                                                                                                    

Madeleine sa sœur et l’ accident qui l’avait mué en la preuve que Dieu existe puisque elle n’avait pas perdu sa jambe.Sa famille, la famille Chiesa un peu rustre vivant sur des préceptes un peu dépassés

A la télé c’est « Janique aimée », « Les saintes chéries », « Les rois maudits »...  pas de quoi semer la révolution.

Un Romanqui se lit facilement comme la pellicule d’un film qu’on fait glisser entre ses doigts.


Jean Michel Gautier



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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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