Choisir de vivre

Théâtre du Girasole

24bis rue Guillaume Puy

84000 Avignon

du 5 au 28 juillet

Un décor dépouillé à l’extrême, une croix lumineuse et un amoncellement de sacs plastiques déposés comme une mer aux pieds du personnage qui se découpe dans la lumière.

Nathalie Mann prends la parole et raconte son récit. Elle est homme, un reporter de guerre, mais elle va perdre cette condition pour devenir ce qu’elle attend depuis près de cinquante ans, devenir femme. C’est le récit véridique de Mathilde Daudet née Thierry. Récit de cinquante années de lutte pour qu’une femme prenne corps légalement.

Nathalie Mann incarne à merveille ce personnage car elle a une stature, une voix à la limite de l’androgynie, elle a une puissance de jeu remarquable et elle nous entraîne dans sa plongée intime.

C’est un cri lancé depuis Bangkok, d’une clinique spécialisée, le cri d’une femme emprisonnée dans un corps d’homme, une ode à la vie, un combat pour la survie.

Elle/il cohabitent, situation inconfortable après cinquante ans de vie commune, de renonciations, de glissements, de silences.

Pendant la première période de sa vie il est grand reporter, court le monde et les guerres, il frôle la mort comme s’il l’a cherchait jusqu’au jour où il décide de poser sa carapace et d’éclore tel qu’il se souhaite, alors qu’il est marié et père de famille et c’est sa femme qui l’aidera dans cette profonde mutation.

La pièce aborde ces dernières journées pleine de doutes et de craintes, ce moment du passage d’un corps à un autre. Tout s’est bien déroulé jusqu’ alors, maintenant c’est la choix ultime et irrévocable.

La mise ne scène de Franck Bertier est très belle, des images saisissantes, un rythme soutenu, pas un temps mort, un décor dépouillé à l’extrême mais évocateur, signifiant.

Nathalie Mann est royale, elle impose sa stature et par son jeu nous embarque derrière elle..c’est magnifique. Une pièce poignante qui nous attrape du début à la fin et ne nous lâche pas.

Jean Michel Gautier

de Franck Bertier

et Mathilde Daudet

mise en scène Franck Bertier

avec Nathalie Mann

lumières Mireille Dutrievoz

univers sonore Romain Bernardini

scénographie Frédéric Couade