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Vers Quand?

  • Photo du rédacteur: Nadine Eid
    Nadine Eid
  • 2 mai
  • 4 min de lecture

La Chapelle Saint-Michel

31 Place des Corps Saints Avignon

Exposition dessins et peintures de Jean-Claude Germain

Quartet + Avignon

du1 au 15 mai 2025 de 10h à 12h et de 14h à 18h

tous les jours y compris week end et jours fériés



Crédit photos: N. Eid



Devant le soleil à son déclin, mes couchants sont ceux de Turner ; mes nuages, des ciels de Courbet, des plafonds de Tiepolo ;

                                   Paul Morand


L’insolite du titre pourrait en faire une hypallage car il est elliptique de l’adverbe de lieu où, et probablement du verbe aller. Peu importe, l’interrogation est totale. S’agit il d’un dessein de fuite, d’une issue à dessiner ? Ce titre fait penser à une sortie de secours.Y aurait-il un espoir permis ?


Jean Claude Germain propose à la Chapelle Saint Michel à Avignon, une riche exposition de ses  nouveaux tableaux depuis la précédente exposition à Salon de Provence en 2022. En 2020, il avait proposé à la Manutention La vie des gens, exposition remarquable par l’intérêt porté à l’expression des intentions des scènes du quotidien comme dans ses portraits. En ce 1er mai, les murs de pierre de la Chapelle épousent des tableaux qui se singularisent par l’immédiateté des émotions suscitées. C’est peut-être et non des moindres, unes des caractéristiques de sa peinture que celle de faire mouche, de viser la cible de notre centre émotionnel.

Ses tableaux communiquent ; le visuel devient vibration quelque part dans l’oeil qui regarde. Il semble que ses sujets soient les fruits de ses perceptions qui voient l’illusion d’une réalité plurielle et changeante, exclusivement personnelle. L’humain est son centre d’intérêt, il peint ce qu’il voit comme il le voit, ce qui l’intéresse ou le gêne.

Sa vision nous atteint. La silhouette minuscule dans les flots de son Crépuscule avec baigneur  renvoie à la stupéfiante et sidérante vision des couchants et des levants sur la mer. Tant de beauté dépasse la condition humaine et l’écueil de la solitude de l’homme au sein du monde point comme un soleil qui suit sa course. Le portrait de Mireille Sur le front de mer vient nous cueillir par le regard tranquille d’acceptation. Les cheveux au vent reprennent les flots et le visage un peu tourné vers le passé s’incline et ploie dans un doux mouvement d’ondulation qui se mêle aux vagues.

La bouche ouverte de La Pieta, les stigmates de la crucifixion sur ses mains et le sang qui colore le sol offrent une vision poignante de la mère qui ne peut sauver son enfant et subit le pire des calvaires qui soient : l’agonie de son bébé qu’elle maintient embrassé, sa main gauche soutenant non pas une tête mais un crâne. L’enchevêtrement des poutres derrière elle, semble indiquer que la famine, la violence, les guerres sont inévitables et responsables de la mort d’êtres humains engendrés par des femmes.

Le mouvement dans ses tableaux est peint ou suggéré par un geste esquissé, le pas d’une marche, un cou qui s’incline pour confier un secret comme dans Les messes basses. Ce qui fait intérêt pour le peintre c’est le détail, la ténuité, l’ébauche d’un échange entre les ouvriers du Chantier Naval sous le ventre démesuré du bateau. Il y a là une belle disproportion entre le savoir faire des hommes et leur taille. Les couleurs osent et bravent les interdits. La joie est plantureuse, féminine à souhait en boléro et jupe fourreau rose. Les aisselles non rasées, les lèvres charnues et peintes de carmin, soulignent la sensualité qui se meut en danse. La chevelure longue et rousse incendie le fond de jaune et d’orange incandescents. Sensualité encore dans la dormeuse aux jambes écartées sur un pubis éternel. Le livre qui a chu, abandonné comme le marque page ou le téléphone inutile semblent  indiquer le chemin des songes comme celui du repos bienfaiteur.

Non pas aux murs mais posés sur table, Jean-Claude Germain donne à voir des dessins d’exercices de reproduction de grands maîtres. La diversité et la maîtrise du travail sont impressionnantes et la profusion vous fera décider d’une visite ultérieure pour pouvoir pleinement savourer les toiles nombreuses et les dessins.

Atout supplémentaire pour multiplier les visites et revenir, les toiles exposées ne sont pas à vendre. Quand l’art n’est pas mercantile, il devient vraiment précieux. Inutile de préciser qu’il vous faut aussi et surtout aller à la rencontre de l’artiste, car celui que vous rencontrerez vous laissera de prégnants souvenirs et l’envie de suivre son travail.


Nadine Eid




Le regard de Jean-Michel Gautier :


Une exposition qui ne  laisse pas indifférent. Elle nous plonge dans un univers pictural proche de peintres comme Modigliani ou Van Gogh. Aucune prétention, des personnages issus du réel, crûment, exposés sans concession.

Jean Claude Germain est un peintre authentique, pas de fioriture, pas de concession il met ses personnages à nu au propre comme au figuré.

Il n’essaie pas embellir, de faire une faveur. Il peint tel que son coeur voit.

Une particularité supplémentaire, il ne vend pas ses œuvres n’arrivant pas  leur trouver une valeur, alors il attend les critiques, les impressions que le public voudra bien lui laisser sur son livre d’or.

On s'attarde avec un vif intérêt devant son exposition, porté par la justesse émotive de ces figures qu’il a peintes avec une sincérité profonde et un souci minutieux de vérité. C’est précisément à ce moment que se dévoilent la technique et les partis pris picturaux évoquant Van Gogh. Bien qu’il se soit longuement formé à travers la copie des grands maîtres, son œuvre, étonnamment, semble davantage habitée par la mélancolie stylisée de Modigliani et l’intensité émotionnelle d’un Van Gogh, dont il semble avoir fait siens les tourments et la lumière. Ses sujets sont très variés, en couleurs brutes, en traits définis.

On a l’impression qu’il peint pour dire, pour témoigner de situations du  peuple, il pose ses toiles comme des notes pour créer un univers proche du notre, sans fioritures, sans excès, juste un témoignage . Ainsi il pose l’éleveur de porc peu engageant, le prisonnier nu dans sa cellule, les manifestants écrasés par les forces de l’ordre, la femme attachée sur sa chaise, l’aveugle portant une paraplégique, des portraits de femmes et d’hommes et une pièce en jaune et verte qui évoque la chambre peinte par Van Gogh.

Ici tout nous entraîne, nous évoque. Ses portraits sont très forts, rien n’est gratuit.

Mais drôle de peintre qui ne veut pas vendre n’arrivant pas à trouver la valeur de ses toiles, un bel exemple à suivre.



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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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