Nadine Eid
Thomas Lévy-Lasne
Thomas Lévy-Lasne
Peintre figuratif
Twich tous les dimanche soir à 18h en direct
youtube les apparences
Au détour de, ou plutôt de retour à l’exposition au Cloître Saint-Louis à Avignon réunissant des oeuvres de Katia Bourdarel et Youcef Korichi, l’audition des deux entretiens avec ces deux artistes fut en elle-même vécue comme l’écoute d'une oeuvre.
Au fond de la salle du rez-de-chaussée, quelques chaises sans nul confort nous proposent de visionner deux entretiens des peintres exposant au premier et au deuxième étage. Il semble qu’il vaut mieux commencer par le haut, voir leurs oeuvres, se laisser prendre par ce qu’elles livrent, taisent et tissent entre elles car l’accrochage n’est pas hasardeux.
De retour donc dans ce lieu, face à l’écran pendant deux heures, vous rencontrez
certes les deux artistes exposants mais d’emblée, étonnamment, l’homme qui les questionne.
Thomas Lévy-Lasne est stupéfiant de talents divers et d’efficacité !
Avec une fine pertinence, il parvient à amener en une heure l’artiste invité sur les chemins de la connaissance, de la rencontre. Il n’y a pas de vide, pas de superflu, Thomas Lévy-Lasne accueille avec bienveillance les peintres comme pour mieux s’approcher de leurs toiles et de leurs mystères. Sa curiosité n’est pas celle de l’anecdote, elle est celle de la connivence et bavarde en terrain de partage et de compréhension, sans aucune rivalité.
Lorsque le peintre invité se surprend à évoquer ou plutôt à s’évoquer par delà ses toiles, il peut sembler surpris mais pas incommodé. Ainsi, Katia Bourdarel a-t-elle confié qu’elle peignait parce qu’elle ne pouvait pas dire ou plutôt écrire. Comment mieux formuler en affirmant l’impossibilité de formuler autrement… la poésie ? Peindre parce qu’on n‘écrit pas de poème c’est un peu finalement reconnaitre en soi l’émergence d’une absolue nécessité à formuler pour être. On écrit aussi parce qu’on ne danse pas ou qu’on ne peint pas.
L’expression artistique est alors au service de l’urgence de l’expression de l’artiste. Youcef korichi en parlant de Tarkovski évoquait la matière, le gélatineux…Le but avoué c’est la peinture au service d’un réel existant justifié en lui-même. Les faux sujets sont des sujets prétextes tel le tableau de Paul Delaroche qui, selon lui, dévoie notre regard par la sensiblerie suscitée.
Pour que les peintres se révèlent, ils sont invités à faire des choix en justifiant leurs appétences ou leur inintérêt en matière de tableau, de film.
Peu à peu au fil de l’heure d’entretien, ponctué par les éclats de rire de Thomas-Lévy-Lasne qui réalise pudiquement à quel point, les révélations sont de taille, le peintre finit par se dire autrement qu’en peignant, à son insu, sans forceps.
Les peintres peignent aussi ce qu’il ne disent pas et, en entretien avec un autre peintre, ils peuvent également révéler.
Ecouter les Entretiens de Thomas Lévy-Lasne c’est avoir l’assurance d’être surpris par la qualité des propos, la subtilité de ses interrogations jamais anodines et toujours en lien avec la spécificité et la personnalité de son invité.
Nadine Eid
lire un billet de Nadine c'est un prolongement de l'exposition, un éclairage, une émotion....