Fanny Inesta
Maria Casarès. Identité exilée
Théâtre du rempart Avignon
Du 7 au 29 Juillet 2023 à 13h
Durée 1h10
Relâche les 13,20,27
MARIA CASARES Identité Exilée
Théâtre du rempart
Du 7 au 29 Juillet 2023 à 13h
Durée 1h10
Relâche les 13,20,27
Née en 1922 dans une famille d’intellectuels et de républicains engagés, Maria Casarès est devenue une actrice tragédienne, acclamée pour ses performances théâtrales, travaillant avec Jean Vilar et Peter Brook. Une femme qui a grandi dans un contexte politique tumultueux et qui a utilisé son talent et son engagement pour devenir une grande figure du théâtre français. Elle continuera à jouer et à enseigner jusqu’à sa mort en 1996.
Ce n’est pas la biographie de Maria Casarès que l’on va voir sur scène. Ce n’est pas l’actrice qui déclamait ses textes avec beaucoup d’intensité, habitée, se donnant corps et âme. Non, c’est un spectacle un peu hors cadre, tout comme l’affiche qui nous laisse perplexe et nous questionne.
Une écriture qui va capturer l’essence de la vie de Maria Casarès avec la capacité à exprimer l’inexprimable.
La pièce débute dans le sombre, le presque noir. La voix s’élève nous racontant la mer qui s’étend devant elle et qu’elle ne se lasse pas d’admirer. Dans un mouvement perpétuel et cyclique, elle répète les mêmes mots, des mots violents et profonds qui viennent et reviennent tel un écho, et qui nous rappelle les ressacs de la mer qui s’enroulent, se brisent, se déploient et se défont.
Puis brusquement, la lumière surgit. Elle pourrait être un phare, ce sont les phares d'une locomotive, une lumière forte, éclatante qui nous éblouit, nous dérange, telle une volonté de l’artiste de nous bousculer, de nous mettre au plus près de cette époque tourmentée.
Bientôt arrivera l’exil, l’arrachement à sa terre . Dans une atmosphère étouffante, la comédienne, pieds nus, vient à la rencontre du public, s’adresse à lui le regarde dans les yeux. Nous devenons les voyageurs silencieux de ce train qui la déracine de sa chère Espagne, voyageurs où chacun semble avoir perdu la capacité de se parler, de se regarder.
Le texte prend vie sur scène. Qu’il s’agit de sa passion dévorante pour Camus, son refuge où il fait bon se blottir pour un peu oublier, ou de sa rage bouillonnante, de ses revendications, de son combat, de la persécution des juifs, des atrocités de la guerre, sa voix est en phase avec les émotions du personnage. Parfois forte, parfois si faible qu’il faut tendre l’oreille. La comédienne refuse de se laisser submerger par les émotions, préférant les sublimer avec subtilité, parfois dans une troublante fragilité. Cela créé un impact plus puissant, tant tout est maintenu dans une certaine retenue.
C’est un texte poétique et fiévreux, un texte sombre qu’elle a su restituer par une mise en scène très sobre mais évocatrice. Une reconstitution qui s’éparpille au gré d’un souvenir, d’un silence, une pièce bourrée de références qu’il faut saisir et peut être revoir pour mieux la comprendre, en saisir toutes les subtilités.
Un spectacle qui peut déconcerter, donner envie d’en connaître davantage. Chaque spectateur pourra l’interpréter à sa manière, et le théâtre en tant qu’art vivant permet cette diversité. Une pièce qui ne laissera personne indifférent. Un bel hommage pour le centenaire de la naissance de cette icône qu’était Maria Casarès.
Fanny Inesta
Texte: Elie Briceno (Edité aux Editions l’Harmattan) dans le recueil « Exils »
Comédienne: Isabelle B.
Mise en scène : Isabel B. Et Elie Briceno
Création en résidence à la Maison Casarès en 2011 (Alloue)
Soutenu à la création : Région Midi-Pyrénées, Région Poitou-Charentes,
Maison Maria Casarès
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