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Photo du rédacteurFanny Inesta

Le dernier jour d’un Condamné

FESTIVAL AVIGNON OFF 2018


Théâtre :Conditions des Soies

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Dans une cellule, une petite fenêtre à barreaux donne sur la cour des condamnés à perpétuité où un jeune homme est enfermé. On ne sait rien du crime qu’il a commis, il regarde les murs de sa cellule où les noms des prisonniers qui l’ont précédé sont gravés et s’insurge « Non, je ne suis pas un monstre ! » Il espère son pourvoi en cassation. Il veut y croire, il parle à voix haute, tel son journal intime qui s’écrirait sous nos yeux. Il parle avant tout dans l’espoir de rester encore un peu en vie. Nous   partageons avec effroi l’horreur et l’absurdité d’avoir la tête tranchée. Il nous entraîne dans le supplice de cette attente, effaré, les yeux hagards, dans ses pauvres conversations ridicules avec le prêtre, ses pensées qui se bousculent. Il s’évade pour se réfugier quelques instants vers sa petite fille qu’il ne reverra plus, cette petite Marie, son seul trésor. Sa vie sera sans doute tragique, au vu d’un père qui a été guillotiné se dit- il. Nous suivons pas à pas les préparatifs de sa future exécution jusqu’à la fin, inexorable et tant redoutée, sans retour possible en arrière. Une vidéo en fond de scène, nous amène à vivre son transfert en charrette, ses émotions… L’éclairage est subtil, il accentue le vide l’absence et la mort. Jusqu’au bout, cet homme veut y croire, il ne peut perdre la vie, lui qui a encore tant à vivre… les jours passent, se prolongent, une torture permanente, une mort à petit feu lui permettent de mesurer tout ce qui va lui être ôté, tous ces petits riens qui prennent leur ampleur lorsque on sait qu’on va les perdre. William Mesguich nous atteint en plein cœur. Son jeu est volcanique, expressif et enflammé. Dans la solitude de sa cellule, il incarne mieux que quiconque ce personnage désespéré, au bout de lui- même. Au-delà du plaidoyer contre la peine de mort et du réquisitoire véhément d’Hugo, il y a la mise en exergue de l’humanité qui est en lui. Il en devient la figure saisissante, le prototype d’un monde en chute libre. Que peut penser un homme qui attend la mort qui ne voit aucune issue à son sort ? Il fallait la puissance et le talent de William Mesguich pour exprimer avec tant de force la peur du condamné. Nous sommes hypnotisés par son regard où l’angoisse nous chavire, dans l’implication totale de son être. Grâce à lui, le personnage prend toute sa dimension et nous touche au plus profond de nous-mêmes. William Mesguich hurle sa douleur, sa colère, son impuissance, il se donne sans compter et notre rythme cardiaque s’accélère face à tant de réalisme. On se surprend à implorer sa grâce comme si on était à sa place ! La mise en scène de François Bourcier donne à cette pièce sombre, une dimension profondément bouleversante. Les bruits de porte, les chaînes, les murmures lointains, la pluie qui tombe, sont saisissants de réalisme. Tout concourt à nous faire plonger dans la souffrance du héros…. On sort de ce spectacle bousculés, et face à la violence du monde actuel, il était important de mettre ce beau texte en valeur et que chacun entre à l’intérieur de sa propre conscience.


Fanny Inesta


Metteur en scène : Francois Bourcier Avec : William Mesguich Adaptation : David Lesne Lumière et vidéo : Romain Grenier Régisseur : Guillaume Rouchet

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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