James Desauvage
La reine de beauté en Leenane
FESTIVAL AVIGNON OFF 2016
Dans le souffle du vent d’Irlande et la perfidie familiale.
Théâtre des Corps Saints
Le décor est dressé, une cuisine, une table et une porte d’où entrent et sortent les personnage dans une bouffée d’air violent et froid. Là-bas il ne se passe rien, c’est l’ennui absolu, en regardant par les vitres c’est tout juste si on voit passer un veau, unique distraction proposée .
Mag, une vieille femme aigrie à l’extrême, nourrie au porridge et aux biscuits maintient sous une coupe féroce sa fille de quarante ans Maureen qui rêve d’un amour un peu fou mais qui n’en peut plus de cette vie, de cet esclavage auprès de sa mère. Un jour vient Pato le voisin pour offrir une dernière chance à Maureen.
C’est une tragi-comédie assez violente, un univers kafkaïen, une plongée dans la misère humaine. On les sent dans une poche de boue aux parois glissantes, comment en sortir ? Mais est il possible d’en sortir. Tout est voué à l’échec.
C’est un quotidien insupportable car on sent dès le début que rien ne sera possible, on ne peut croire en une issue positive, trop de poids du passé sont là emprisonnant un présent insurmontable.
On entre et sort toujours à gauche, symbole du passé. Le vent en profite à chaque fois pour s’introduire en force, poussant les personnages au cœur de l’action.
C’est la mise en avant de la liberté ou de la non liberté dans la famille, prisonniers des conventions dans une série de tableaux où le sordide est toujours présent, où la froideur de la vie sur scène est insupportable.
Catherine Salviat incarne à la perfection une mère impossible mais pourtant au combien réelle , de ces mères abusives qui ligotent leurs enfants pour « en profiter » comme on entend trop souvent dire.
Sophie Parel est une très bonne fille, la reine de beauté, la femme aigrie, la loser, elle a cependant un dynamisme étonnant dans cette situation .
Grégori Baquet est bien sur parfait comme toujours dans son rôle et son frère à la scène Arnaud Dupond s’en tire fort bien sans une fausse note.
Une belle pièce sur les relations humaines quasi inhumaines….
JeanMichel Gautier
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