Heureux les orphelins
Théâtre de L’Oriflamme Avignon

l
librement inspiré d’Electre de J Giraudoux
Les mythes – comme tout ce qui vit – ont besoin d’être irrigués et renouvelés sous peine de mort “, écrit Michel Tournier dans « le Vent Paraclet ».
Giraudoux avait donc déjà irrigué le mythe et à présent dans un élan magistral Sébastien Bizeau nous sert une Electre du 21° siècle engluée dans le jargon des politiciens mais fer de lance d’une critique bien menée..
Texte et situations très amusants, décalés, ironiques….on vit une Electre bien loin des classiques, on est dans les entrailles du pouvoir là où les mots prennent un autre sens, là où le vocabulaire de l’Ena recolore les situations, donne un nouveau sens et de nouvelles perspectives.
Si Giraudoux avait déjà apporté une dimension comique en contre point du récit tragique, jouant sur les décalages de langages, Sébastien Bizeau a porté bien plus loin encore l’aspect décalé par son langage appliqué de cabinet ministériel.
On est pourtant dans une tragédie, une femme, la mère d’Electre et d’Oreste est en train de mourir et l’on se bat pour des discours de salon qui doivent atterrir sur le bureau du ministre.Là volent en éclats tous les rêves, tous les espoirs, le rouleau compresseur des mécanismes politiques se met en marche et avance.
On a le sentiment qu’ Electre se débat mais face à elle il y a un mur infranchissable, un autre langage, comme une autre société verrouillée par Egisthe, le ministre mais aussi le médecin et le prêtre interprétés par le fabuleux Jean Baptiste Germain. Qui sont comme une même voix. Face à cette « pression » un autre discours, celui de Pylade et du serveur, du psychologue du notaire et du cuisinier interprétés par un merveilleux Paul Martin.
Cindy Spath quand à elle va tous azimut avec bonheur dans des personnages bien différents allant entre autre d’une journaliste à une employée du funérarium.
Maou Tulissi dans le rôle titre peut on dire déroule avec soin un personnage plein de sensibilité ainsi que Matthieu Le Gloaster qui donne un bel éclairage au personnage d’Oreste tout au long de la pièce..
Une très belle distribution pour une pièce fort bien écrite qui nous mène dans les arcanes du pouvoir.
Salle comble, public conquis se manifestant par de longs applaudissements…Un très beau moment de théâtre à ne pas laisser passer.
Jean Michel Gautier
Texte et mise en scène Sébastien Brizeau
avec. Jean batiste Germain
Matthieu Gloaster
Paul Martin
Cindy Splath
Maou Tulissi