Femme non ré éducable
Théatre Au Bout Là Bas le 29 avril 2023
reprise durant le festival 2023
Une pièce d’une redoutable simplicité qui nous transperce
Un texte puissant, porté par deux voix qui s’élèvent dans la froideur de la nudité du décor et une semi obscurité de circonstance.
Ils sont là sur le devant de la scène, chemise et pantalon noir, en contre jour pour nous évoquer cette journaliste, Anna Politkovskaïa qui a osé écrire ce qui se passait en Tchétchénie sous les ordres de Vladimir Poutine et de Ramzan Kadyrov, elle a aussi écrit le livre « la Russie de Poutine »
Elle a publié sur la prise d’otage au théatre Doubrovka en 2002 où elle interviendra comme médiatrice.
Elle publiera enfin son dernier ouvrage en 2006 « Douloureuse Russie », violent réquisitoire contreVladimir Poutine. Femme de conviction courageuse elle ne survivra pas à ses dénonciations et sera sauvagement abattue le 7 octobre 2006 dans l’ ascenseur de son appartement par des tueurs aux ordres du pouvoir.
Marie de Oliveira et Laurent Mascles distillent le texte de Stéphano Massini avec une exactitude, une profondeur qui nous touche énormément.
Peu de gestes, pas de décor, deux voix uniquement dans un pinceau de lumière. On est pris du début à la fin, pris par des mots qui dénoncent, désignent sans relâche.
Les deux comédiens sont excellents il font revivre la journaliste assassinée. La musique de Gilles Monfort sobre et expressive donne la mesure du texte, ponctue, éclaire, magiques moments.
La mise en scène de Laurent Mascles a la sobriété et l’exactitude nécessaire, il n’y a rien de trop, tout a é té distillé, posé avec précision.
Une pièce dont on sort abasourdis, écrasés par la violence de la dénonciation, évocation d’une personne hors du commun qui a voué sa vie à défendre son prochain au mépris des risques encourus. C’était une femme fragile, mais courageuse, qui osait dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. C’était une femme comme on devrait être tous, ne se contentant pas de ce qu’on lui dit, mais osant dire ce qui était. Là est la démocratie que l’on bafoue sans cesse, qu’on a le culot de brocarder dans les manifestations mais qu’il faut poser une bonne fois pour dénoncer les manquements graves.
Cette pièce est admirable, à voir absolument.
Jean Michel Gautier
texte de Stephano Massini
mise en scène de Laurent Mascles
avec Marie de Oliveira
et Laurent Mascles
musique de Gilles Monfort
Comments