Don Quichotte
FESTIVAL AVIGNON OFF 2016
Au Pandora
Don Quichotte revisité dans une évocation très proche de notre époque.
Monter Don Quichotte c’est s’attaquer à un monument, mais l’adapter pour en faire à partir de l’inquisition une relation avec notre époque est une vraie gageure .
L’auteur metteur en scène et acteur Jean Pétrement a incorporé des situations et des personnage de l’inquisition dans l’oeuvre de Cervantès pour faire référence à l’extrémisme religieux et à l’intolérance étatique qui font écho dans notre vie aujourd’hui autour de la méditerranée .
Le héros de Cervantès avec ses rêves et ses utopies traine avec lui l’illusion d’un monde meilleur, il ne veut pas voir la vie telle qu’elle est, il est en quête d’une autre vie celle puisée dans les livres, celle qui est pure , magnifiée, loin des errances de la vie au quotidien.
Le héros est pris pour un fou car il est différent et se veut différent.
Les personnages de l’inquisition montrent tout ce que l’humain a d’inhumain, des êtres sans discernement, sans culture, sans pitié. Il est vrai que tout cela nous amène à notre époque et nous questionne.
Si l’on est un peu choqué au début de la pièce par des termes boursiers du 21° siècle, on rentre facilement ensuite dans le récit même si parfois on s’éloigne bien loin du Quichotte de Cervantès.
La mise en scène et le décor sont inventifs, avec juste quelques cubes qui servent de support au jeu.
Alain Leclerc en Sancho est remarquable, il apporte la finesse de ce personnage que l’on prend pour simplet bien souvent.
Slimane Yefsah tire une belle épingle du jeu en incarnant subtilement quatre personnages chacun hauts en couleur.une réel présence, une voix…tous les attribut d’un bel acteur.
Enfin Marie Broche, une habituée du festival incarne à merveille elle aussi trois personnages.
Une très belle pièce menée par la compagnie Bacchus qui a le courage de jouer une oeuvre avec neuf comédiens dans une grande salle, c’est à signaler car fort rare en ces temps où les gens viennent bien nombreux jouer des « seul en scène ».
Jean Michel Gautier
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